Sukkwan Island de David Vann

SUKKWAND ISLAND

Une île sauvage du sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. Mais la rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin. Couronné par le prix Médicis étranger en 2010, Sukkwan Island est un livre inoubliable qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine.

Ma lecture

En commençant ce livre, je pensais me plonger dans un roman d’aventure (je lis très peu les 4ème de couverture) : un séjour initiatique dans l’Alaska pour un père, Jim et son fils, Roy, 13 ans. Dépaysement garanti. Grands espaces et nature sauvage sont au rendez-vous dès le début. Mais très vite je ressens comme un malaise.

Roy a accepté de suivre son père dont il vit séparé depuis le divorce de ses parents, afin de se rapprocher de lui, le connaître. Mais celui-ci l’embarque dans une aventure que lui-même ne maîtrise pas du tout et je commence à penser que si l’auteur n’avais que cela à me dire, cela allait vite tourner en rond,mais il y avait malgré tout quelque chose d’incompréhensible dans ce récit qui m’intriguait.

Je commence à m’interroger sur le but de la narration….. Si tout est de la même veine, je pense que très vite je vais me lasser, car cela tourne en rond et c’est justement là le problème entre eux.

Alors David Vann,  au moment même où je commence à tomber dans un début d’ennui car je ne voyais pas l’issue, le sens, le but, fait basculer avec mastria, la robinsonnade dans le drame… Je relis deux fois le passage : mais oui c’est bien ce que j’ai lu.

C’est là que l’on trouve la patte d’un écrivain, il vous mène par le bout du nez, il vous manipule et brutalement, très brutalement je dois l’avouer, le récit prend une toute autre tournure.

David Vann s’est inspiré de sa propre histoire, le décès de son père dont il se sent responsable (voir l’article relatant les faits ici), pour relater une aventure qui aurait pu prendre un autre tour. Imaginer ce qui aurait pu arriver, si…….

David Vann y traite des thèmes de la relation paternelle en particulier lorsque le père est défaillant, dépressif mais aussi de la responsabilité et la culpabilité. Mais comment un garçon de 13 ans peut-il comprendre un adulte, son père, quand celui-ci devient incohérent, irresponsable et irraisonné.

Le plus adulte n’est pas celui que l’on croit, l’un et l’autre n’arrivent pas à se parler vraiment, le silence s’installe et la situation va dégénérer. Plus le récit avance plus on plonge dans une sorte de folie mais comment peut-il en être autrement.

Bien sûr cela semble parfois excessif, dément, inimaginable mais cela fonctionne…. Une sorte de road-movie aux frontières de la folie, de l’horreur. L’auteur lâche les vannes, n’hésite pas parfois à donner beaucoup de détails, nous plonge dans l’horreur absolue alors qu’elle devient presque banale dans le récit.

Une lecture, pour moi, est un voyage dans ce que l’auteur a imaginé et dont il a posé les mots sur le papier, la façon dont il a construit son récit.  Il n’est pas question de valider ou non l’histoire, c’est son histoire, elle fonctionne ou pas. Même si j’ai trouvé la fin un peu « tarabiscotée » j’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur nous maintient en haleine, les pensées et sentiments des deux personnages sont très bien rendus, ainsi que la description de la nature et de la vie sauvage qui les entoure.

J’avais lu précédemment Aquarium du même auteur, qui est plus doux, moins brutal mais qui analyse également les relations familiales, un thème qui apparemment, avec celui de la nature et de la faune (les poissons en particulier) est un axe central de son écriture mais avec son vécu on peut le comprendre.

Mon avis : 📕📕📕📕

Prix Médicis Etranger 2010

Prix des Lecteurs de l’Express

Editions Folio – 232 pages – Août 2012 (Gallmeister 2010)

Ciao

 

8 réflexions sur “Sukkwan Island de David Vann

  1. Moi j’ai un petit peu du mal avec cet auteur que j’ai rencontré et qui est aussi lumineux que ses livres sont noirs. Le seul que j’ai vraiment aimé est Désolations. Sukkwan Island m’a littéralement écœurée, fascinée mais écœurée… J’en suis ressortie très mal à l’aise. Et pourtant j’aime les romans qui me bousculent mais je trouve que David Vann va trop loin dans les descriptions horribles, à peine soutenables.

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