Séparée temporairement de son deuxième mari, Clare est de moins en moins sûre du rôle que les hommes devraient tenir dans sa vie. Son premier mari, Richard, était bien plus âgé qu’elle, et son mépris pour la jeunesse s’était peu à peu transformé en en une glaciale indifférence. Jonathan, quant à lui, était trop facile : trop attentionné, trop inquiet, et puis aussi un peu pédant. Lorsqu’elle rencontre Joshua à une fête, l’excentrique Clare n’est pas tellement à la recherche de l’amour, mais elle n’en est pas moins impressionnée quand il éteint sa cigarette avec le pouce, et le conseil de sa nouvelle amie, Mrs Fox, la pousse encore un peu plus vers lui : « Prends un amant, l’exhorte-t-elle. Mieux vaut avoir un amant quand on est jeune qu’une névrose quand on est vieille ».
Ma lecture
Je découvre Angela Huth avec ce roman et cette lecture confirme mon attirance pour la littérature anglaise. Une écriture fine, précise, pleine de petits détails qui nous permettent de nous immerger totalement dans la narration mais sans l’alourdir, restant fluide mais aussi une étude des caractères, des sentiments, qui au premier abord paraît légère mais qui pose, dans le cas présent, de vraies questions sur le couple, le mariage, ce qu’il devrait être et ce qu’il est réellement.
Il s’agit ici de La Valse hésitation du personnage principal, Clare Lyall, par rapport au couple, au mariage, aux hommes. Elle est au carrefour de son second mariage et a décidé avec Jonathan de prendre un délai de réflexion de six mois pour décider de l’issue de leur union.
Clare n’a pas trouvé le bonheur espéré dans le mariage, pourtant ses deux maris étaient bien différents : le premier Richard plus âgé, marin souvent absent, protecteur, secret mais imprévisible, le second Jonathan, écrivain en recherche, mais surtout laissant peu d’initiatives à son épouse, organisant dans les moindres détails leur vie, mais presque un homme-enfant ne prenant aucune décision majeure, remettant tout au lendemain….
Pourtant quand elle rencontre Joshua, travaillant dans le cinéma, elle pense enfin avoir trouvé l’homme idéal : il lui propose immédiatement de partager son appartement mais reste très mystérieux, parfois égoïste, parfois tendre, surprenant, lunatique, passant de la tendresse à l’absence, de la surprise au silence, de la proximité à la distance.
Clare va se plonger dans son passé, se remémorer les moments importants de ses deux mariages, les beaux moments qu’elle espérait et ce qu’ils ont été, les moments difficiles où l’on peut juger ce qu’est vraiment le couple, elle comprend qu’elle s’est profondément ennuyée dans ceux-ci. Elle n’a jamais vraiement formé un couple, c’était plutôt deux solitudes qui se joignaient, qui s’épaulaient. L’amour n’est pas à la même hauteur, pas vraiment partagé, pas au même moment, pas de la même manière.
Mais est-elle capable de choisir ou se laisse-t-elle guider par les hommes de sa vie ? Clare, jusqu’à sa rencontre avec Joshua, s’est laissée portée par la vie et ce qu’elle doit être, par les conventions, se marier, avoir des enfants mais est-elle en capacité d’aimer, de décider ?
J’ai aimé cette dissection des sentiments féminins sur le mariage, le couple mais aussi les liens familiaux et amicaux. J’ai été parfois agacé par cette femme qui n’arrive pas à assumer sa vie, se raccrochant aux décisions des autres car elle est à l’opposé de mon tempérament mais cela ne m’a pas empêché d’aimer la suivre dans ses réflexions. Elle laisse les autres s’immiscer dans sa vie, lui imposer leurs choix que ce soit les amis, les parents, les relations. Je l’ai trouvé finalement très soumise.
J’ai particulièrement apprécié, comme souvent dans la littérature anglaise, l’opposition à un autre personnage, dans le cas présent Mrs Fox, une femme plus âgée mais qui, elle, a réussi son mariage, un mariage d’amour, avec Henry, médecin mais qui est désormais veuve. Elle prend une place prépondérante dans la vie de Clare et Jonathan, un peu trop parfois (j’ai trouvé) en donnant des clés pour réussir un couple.
Dès sa rencontre avec Clare dans un parc, elle va lui donner les grandes lignes de sa philosophie et l’encourager à tenter d’être heureuse hors du mariage :
Mieux vaut avoir un amant quand on est jeune qu’une névrose quand on est vieille
En refermant ce récit paru pour la première fois en 1970 (c’est important de le préciser par rapport au contexte du couple, de la place de la femme dans celui-ci car heureusement celui-ci a changé et évolué depuis) on ne trouve que très peu d’attrait pour le mariage : soit soumise à un homme plus âgé mais absent, secret, soit se retrouver avec un homme-enfant, maniaque, irresponsable et oppressant. Clare va connaître les opposés et sa relation avec Joshua va lui apporter une bouffée d’oxygène, de liberté, d’imprévu dont elle avait besoin. Mais va-t-elle saisir sa chance et Joshua a-t-il la même idée du bonheur ?
C’est un récit très féminin par le style, l’écriture et le fond. C’est doux mais profond car on entre dans l’intimité de cette femme quant aux questionnements, c’est un tourbillon de réflexions dans la vie d’une femme.
La valse est une danse qui se pratique à deux : l’un guide l’autre mais l’autre est-il prêt à mettre ses pas dans ceux de son partenaire ? Valse-t-on à la même vitesse et la valse a-t-elle été choisie par les deux danseurs ou a-t-elle été imposée à l’un des deux ? Chacun va à son rythme, qui n’est pas toujours le même, parfois on danse à contre-temps et l’unité du couple s’en trouve compromise.
Ne pas se fier parfois à la légèreté d’une histoire car celle-ci va souvent bien plus loin qu’il n’y paraît. Elle peut parler à beaucoup, soulever des questionnements, retrouver des sentiments éprouvés, tus ou cachés.
Ce qu’il y a de bizarre avec les jardins secrets, c’est que, d’accord, ils sont très précieux, mais ils le sont d’autant plus quand les autres savent que vous en avez un. (p52)
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Merci aux Editions La Table Ronde pour cette lecture
Editions Quai Voltaire (Editions La Table Ronde) – Mars 2018 – 229 pages
Ciao
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