Des souris et des hommes de John Steinbeck

DES SOURIS ET DES HOMMES IGRésumé

En Californie, pendant la Grande Crise, Lennie et George vont de ferme en ferme. Ils louent leurs bras en attendant le jour où ils auront leur ferme à eux, avec un petit bout de luzerne pour élever des lapins. Lennie, malgré sa taille de colosse, n’a pas plus de malice qu’un enfant de six ans ; George veille sur lui, le protège du monde qui n’est pas tendre aux innocents. Le soir, ils se racontent leur rêve, celui de la maison et des lapins. Mais allez savoir pourquoi, les rêves de certains finissent toujours en cauchemars.

Ma lecture – COUP DE

Quel beau et dramatique roman de John Steinbeck que j’ai eu très envie de relire pour retrouver la force, la limpidité et l’efficacité de l’auteur à relater les histoires. Déjà  avec Les raisins de la Colère, dans une forme beaucoup plus longue, l’auteur mettait sa plume au service des plus démunis, des victimes collatérales de l’économie avec justesse et implacabilité. Ici il fait des plus faibles, des plus fragiles les victimes désignées.

George et Lennie sont du même village et le premier a pris sous son aile le second quand la tante de celui-ci est décédée. Lennie est un colosse à la force herculéenne mais au cerveau fragile, ne s’attirant que des ennuis malgré la bienveillance de George. Des souris et des hommes évoque principalement leur amitié « à la vie, à la mort » mais aussi la loi du plus fort, le pouvoir du plus fort sur le plus faible, quel qu’il soit. Lennie se retrouve parfois être le plus fort quand il broie les vies des petits animaux qu’il aime tant, sans méchanceté, simplement parce qu’il ne maîtrise pas ses réactions, ses actions, sa force.

C’est également un roman sur l’espérance car les deux hommes ont un rêve : avoir une ferme où Lennie pourrait s’occuper des lapins, c’est son obsession. Il est très attaché aux animaux, les plus fragiles, les plus petits, peut-être parce qu’il se sent à leur niveau. En attendant ils vont de ferme en ferme, comme saisonniers, au gré des travaux des champs et des villes qu’ils doivent parfois quitter dans l’urgence suite aux « accidents » provoqués par Lennie. Mais tous les personnages ont des rêves et chacun finalement s’accommode de la réalité, engendrant parfois des actions aux lourdes conséquences.

Mais le monde n’est pas fait pour les fragiles, les faibles et dans ce court roman, l’auteur, à travers ses différents personnages, exposent les racines du mal : la solitude, l’incompréhension, la mise à l’écart des différents de toute sorte.

A nouveau John Steinbeck mêle l’histoire d’un pays, d’une société, ses tourments aux destins des hommes mais aussi à leurs espoirs. Tous les personnages ont des facettes multiples et quand on les écoute on entend pour presque pour chacun, derrière les apparences, des désillusions, des douleurs, du désespoir.

On comprend très vite que c’est une histoire qui va mal finir, peu à peu les pions se mettent en place, implacablement, la tension monte et tel le chien de Candy vieux et inutile, Lennie va devoir s’enfuir et George va lui offrir le plus beau mais le plus difficile des gestes d’amour

T’en fais pas, dit Slim. Y a des choses qu’on est obligé de faire, des fois. (p189)

C’est une narration tout en dialogues, comme dans un souffle, c’est très rapide, efficace, découpée en plans cinématographiques, les images viennent vite, on ressent toute la fragilité de Lennie, la compassion de George mais aussi les rancœurs des autres personnages, certes assez caricaturaux pour ce qu’ils représentent : le noir, le mal, le vieillard, la femme tentatrice, mais que c’est poignant.

C’est ma deuxième lecture de ce roman, lu il y a très longtemps, dont je possède également le DVD et à chaque lecture c’est la même émotion qui me serre le cœur, me noue la gorge et même s’il n’y a pas mystère sur l’issue, que l’on se doute de l’issue, il y a à chaque fois la même charge émotionnelle.

Il y a dans les romans de John Steinbeck un regard sur la société de son époque mais qui finalement reste d’actualité car presque universel, mais aussi une qualité d’écriture, une force allant à l’essentiel et qui a le pouvoir de susciter en nous (tout du moins en moi) une vague d’émotions.

Un des grands classiques de la littérature américaine, une référence dans les thèmes de l’amitié, de la différence, de la fragilité mais aussi du rapport entre les êtres, leurs espérances et le mal qui rôde. On garde longtemps en soi cette lecture, on y revient comme moi, en sachant qu’elle sera chargée en émotions mais sa construction, son implacable déroulé et le regard neutre comme un constat, porté par l’auteur sur le monde, sur ses acteurs en font une tragédie à l’implacable issue.

Traduction de M.E. Coindreau

Editions Folio – Avril 1985 (Gallimard 1949) – 190 pages

Ciao

7 réflexions sur “Des souris et des hommes de John Steinbeck

  1. Livre à lire en scolaire, je n’avais pas réussi à le finir à l’époque (j’ai un problème avec les obligations lol)
    Mais il y a peu, j’ai ouvert le livre pour ne pas le refermer avant de l’avoir fini. Limite je l’ai trouvé trop court.
    Très bon article sur ce livre incroyable.

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