San Quentin. Dans la prison d’État de Californie, Darrell Standing, ingénieur agronome, s’apprête à être pendu. Pour supporter les tortures que lui infligent les geôliers, il s’évade au gré de voyages astraux dans des vies passées. Il se retrouve sous les traits du comte Guillaume de Sainte-Maure au cœur du Paris de Louis XIII ; sous ceux d’un enfant sur les pistes de la conquête de l’Ouest ; en ermite hystérique ; en migrante irlandaise ; ou encore en Viking devenu soldat romain… Oscillant entre réalisme et fantastique, ce roman remarquablement adapté par Riff Reb’s s’impose à la fois comme un procès contre l’univers carcéral et un hommage à la puissance de l’imaginaire.
Ma lecture
Ce roman graphique est une évasion, à la fois belle et angoissante. Mais l’évasion Darrell Standing ne peut la faire que par la pensée. Il attend dans sa geôle son exécution et il revient sur les raisons de son enfermement et de sa condamnation mais aussi sur ce qui lui permet de tenir, dans sa solitude, dans la souffrance des tortures subies….. Il a la faculté de se détacher de son corps souffrant et de voyager dans ses vies antérieures, mais aussi de remonter à sa naissance et bien au-delà.
Je ne connaissais pas du tout le roman de Jack London que Riff Reb’s a librement adapté en roman graphique mais la mise en images de la narration de Darrell est d’une saisissante correspondance avec l’ambiance de fond du récit. Noirceur, inhumanité, tortures et face à cela le rêve, l’évasion, l’oubli de son corps et de la douleur, une sorte de transe très bien symbolisée. Présent, retour sur les raisons de sa condamnation et Evasion se distinguent par un jeu de couleurs, on navigue avec lui, on se révolte, on compatit à sa souffrance et on l’accompagne dans ses voyages.
Il y a au fond de ce roman graphique les intentions de Jack London, la dénonciation du milieu carcéral, de la violence, de l’injustice mais aussi de la capacité à s’évader, à trouver un refuge. Le graphisme de Riff Reb’s restitue toute la violence, la colère, l’immobilisme tout en respectant le message, les sentiments voulus par l’auteur. Les visages et leurs expressions vous glacent le sang. Les regards sont particulièrement puissants. C’est fort, prenant et comme je l’ai dit angoissant comme peut l’être cet homme qui pour un paquet de tabac (futilité de l’événement) dont il ne sait rien, va payer le prix fort.
J’ai hâte de lire la suite (j’ai déjà demandé à la bibliothèque si elle m’a confirmé sa prochaine arrivée) pour accompagner Darrell dans ses délires certes mais aussi dans ses voyages intérieurs vers l’extérieur pour oublier toute la pourriture du monde qui l’entoure et une chose est sûre : cela confirme mon amour pour Jack London, ses thèmes, ses voyages quels qu’ils soient, et cela me donne très envie de lire son roman car avec lui chaque roman est une aventure et celle-ci est des plus originales malgré le contexte.
Pour vous donner envie…..je vous mets quelques planches très représentatives de l’ambiance :
Editions Noctambule – Octobre 2019 – 106 pages
Ciao
J’avais beaucoup aimé ce roman, et l’adaptation graphique me tente bien ! Également, j’ai lu une autre adaptation de Riff Rebs : Le loup de mers (qui m’a donné envie de lire le roman, même si je ne l’ai pas encore fait). J’avais adoré.
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Oui j’avais lu qu’il avait déjà adapté un des romans de Jack London 😉
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Je veux d’abord lire le roman. Ensuite je lirai bien ce roman graphique, les dessins me plaisent bien.
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Intéressant pour le roman de Jack London et pour le roman graphique qui semble très réussi, en tout cas cette belle chronique le laisse penser !
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Je l’avais notée il y a un moment mais toujours pas empruntée. Ton billet est une bonne piqure de rappel. 🙂
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