Hannah, Cate et Lissa sont jeunes, impétueuses, inséparables. Dans le Londres des années 1990 en pleine mutation, elles vivent ensemble et partagent leurs points de vue sur l’art, l’activisme, l’amour et leur avenir, qu’elles envisagent avec gourmandise. Le vent de rébellion qui souffle sur le monde les inspire. Leur vie est électrique et pleine de promesses, leur amitié franche et généreuse.
Les années passent, et à trente-cinq ans, entre des carrières plus ou moins épanouissantes et des mariages chancelants, toutes trois sont insatisfaites et chacune convoite ce que les deux autres semblent posséder. Qu’est-il arrivé aux femmes qu’elles étaient supposées devenir?
Ma lecture
Trois femmes, trois amies, trois parcours, trois vies. Elles ont la trentaine et sont arrivées, chacune, pour des raisons différentes, à un tournant de leur existence. Il y a Mélissa (Lissa), l’artiste, célibataire, Hannah, la working-girl, mariée à Nathan et Cate, la femme au foyer, mariée à Sam la seule à avoir un enfant, Tom, âgé de quelques mois.
Elle se connaissent depuis plus de 20 ans et sont devenues amies malgré leurs caractères différents, une amitié forte qui a perduré malgré les aléas de la vie. Ce qu’elles ont été jeunes, leurs aspirations et désirs se trouvent malmenés quand elles arrivent à 35 ans et font le bilan. L’une court après la maternité, s’oubliant elle-même mais aussi son mari, l’autre cherche l’engagement, la consécration et se contente parfois de poser comme modèle vivant pour subsister entre deux rôles et la troisième s’est installée dans le train-train du quotidien, coincée entre mari et enfant et n’ayant plus d’existence propre.
Anna Hope s’immisce dans les vies des trois femmes, leur donnant tout à tour la parole pour exprimer leurs ressentiments, leurs désillusions, intercalant de rapides escapades dans le passé (décidément très à la mode), pour revenir sur la construction de cette amitié, non pas en partant de leur rencontre, mais en faisant des incursions en lien avec les préoccupations des trentenaires qu’elles sont devenues. Rebelle, résignée ou attentiste, elles sont toutes des femmes de notre temps, avec leurs regrets et leurs espoirs, avec ici où là les combats des générations précédentes, les luttes, faisant un roman générationnel sur la condition féminine sous différents aspects.
On s’est battues pour vous. On s’est battues pour que vous soyez extraordinaires. On a changé le monde pour vous et qu’est-ce-que vous en avez fait ? (p78)
Les trois femmes, par leurs personnalités et milieux très différents, sont rapidement identifiables et je me suis rapidement attachée à elles, craignant, je l’avoue, de retomber dans un récit déjà lu, au masculin ou au féminin, d’un roman d’apprentissage, d’amitiés qui se prolongent au fil du temps, de leur devenir mais aussi des destins de chacune par rapport à leurs ambitions de jeunesse. Mais plus j’avançais dans ma lecture et plus j’ai trouvé que l’auteure y donnait une touche particulière, très féminine abordant les thèmes de l’amitié bien sûr mais aussi de la maternité, de la place dans le couple, de l’amour bien entendu mais aussi de la relation aux parents et à la famille (surtout dans la fin).
Elle dose parfaitement la prise de parole de chacune, abordant les différents points de vue face aux situations. Chacune avance par rapport à son passé, chacune sent qu’elle est à un moment charnière, où son vécu et ce qu’elle espère ou attend de la vie, de sa vie devient une priorité.
Déjà dans La salle de bal, j’avais aimé l’attention, la délicatesse, la façon concise avec laquelle elle abordait son sujet; Ici, j’ai craint de retomber dans une énième lecture sur le thème de l’amitié, de la condition et des ambitions féminines et finalement j’ai trouvé qu’elle avait maitrisé son sujet, dans une écriture fluide qui vous entraîne même si j’ai parfois ressenti une stagnation dans l’histoire.
C’est étrange, songe Cate, mais ça ne la dérange pas d’être scrutée par cette femme, d’être écartelée en douceur sur le chevalet de son attention (p199)
Oui j’ai aimé mais il vient s’ajouter à ceux déjà lus sur ce thème (très en vogue) et c’est (et ce n’est pas de sa faute) le seul reproche que je pourrais faire. Je me suis laissée malgré tout porter par le fil du récit. Est-ce dû à l’ambiance britannique, à la plume de l’auteure qui enveloppe chacun de ses personnages de bienveillance, exposant les vies et les pensées de chacune ? Oui peut-être car j’ai aimé la prise de distance de Anna Hope, observant et acceptant ses personnages pour ce qu’ils étaient, sans jugement, parce qu’ils sont le reflet de vies individuelles, de parcours et d’attentes qui sont propres à chacune.
Traduction de Elodie Leplat
Editions Gallimard – Mars 2020 – 357 pages
Ciao
Je compte lire ce livre un jour même si je n’avais pas voulu à sa sortie parce qu’il me semblait trop différent de ses deux derniers titres que j’avais beaucoup aimés. Maintenant, je suis prête à me fait ma propre opinion.
J'aimeAimé par 1 personne
j’ai prévu de le lire, j’ai beaucoup aimé « La salle de bal »…
Je n’ai pas encore lu « Le chagrin de vivants » le retard s’accumule 🙂
J'aimeAimé par 2 personnes
« le chagrin des vivants » est selon moi son meilleur roman à ce jour 🙂
J'aimeAimé par 2 personnes
Non lu mais beaucoup aimé La salle de bal et la raison qui m’a poussé à lire celui-ci 😉
J'aimeAimé par 1 personne
« La salle de bal » m’avais beaucoup touché. Mon chouchou de Anna Hope c’est « Le chagrin des vivants », une véritable pépite ! 😉
J'aimeAimé par 1 personne
Très belle chronique ! J’adore Anna Hope est le fait qu’il s’agit d’un roman sur l’amitié et contemporain mais faisait un peu reculer mais ton avis me donne vraiment envie de le découvrir
J'aimeAimé par 1 personne
J’en suis heureuse…. J’avais aussi quelques réticences car beaucoup déjà lu sur ce thème 😉
J'aimeAimé par 1 personne
Je ne lirai pas celui-ci mais « La salle de bal » me tente énormément!
J'aimeAimé par 1 personne
J’ai adoré ces deux premiers livres. Le thème de celui-ci me tente moins. C’est une auteure que j’apprécie beaucoup. 🙂
J'aimeAimé par 1 personne
Oui le thème est déjà tellement traité mais j’ai aimé ses trois femmes…. Mais un lien vers que j’écoute actuellement je vais faire une pause dans les histoires d’amitié au fil es années 😉
J'aimeAimé par 1 personne
Elle écrit tellement bien que je suis sûr de le lire une fois en poche. Oui je te comprends 😉
J'aimeAimé par 1 personne
C’est vrai que j’avais craint ce côté redondant du portrait féminin qui est tout de même très abordé ces derniers temps et dont je commence à me lasser. Mais vraiment sa plume fait qu’on est embarqué, c’est la découverte de sa plume qui en a fait un coup de coeur pour moi 🙂 et j’ai hâte de découvrir ses autres romans !
J'aimeAimé par 1 personne
J’ai lu La salle de bal et je vais découvrir Le chagrin des vivants en audio-lecture dans les jours à venir 🙂
J'aimeAimé par 1 personne
Bonne découverte alors !
J'aimeAimé par 1 personne
Je viens de terminer ce livre, et je l’ai beaucoup aimé. La plume d’Anna Hope est d’une grande délicatesse, et elle met des nuances et une grande sensibilité dans ces trois portraits. J’avais beaucoup aimé « la salle de bal » également. Il me reste à livre « le chagrin des vivants », dont j’ai entendu d’excellents échos…
Aurélie.
J'aimeAimé par 1 personne
Je commence bientôt Le chagrin des vivants en lecture audio et j’avais également beaucoup aimé La salle de bal, très beau et très concis….
J'aimeAimé par 1 personne
Beaucoup aimé aussi! La thématique est différente des deux précédents mais elle s’en sort bien.
J'aimeAimé par 1 personne