1862. Lant Street, Londres. Le rendez-vous des voleurs et des receleurs. Sue Trinder, orpheline, est confiée dès le berceau aux bons soins d’une trafiquante de nourrissons. À la veille de ses dix-huit ans, un élégant, surnommé Gentleman, lui propose d’escroquer une héritière, Maud Lilly. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d’un genre tout particulier. Sue, en entrant au service de la riche jeune fille, tombe avec ingénuité dans un piège. Enveloppée par une atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, elle devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique.
Ma lecture
Un pavé oui mais quel pavé….. Les pages ont défilé, je me suis plongée dedans avec un plaisir fou et pourtant je reconnais qu’au début j’ai eu quelques doutes car je pensais que c’était une énième histoire sur le destin d’une jeune fille dans le Londres de le milieu du XIXème siècle, orpheline, vivant dans les bas-fonds de la ville au sein d’une sorte de famille « cour des miracles ». Mais comme l’écriture était agréable et très visuelle, les personnages attachants et hauts en couleur, très bien incarnés, j’ai continué et puis…… un twist en fin de première partie (le roman en comporte trois) m’a sidérée et dans le bon sens.
Je me suis dit, ah oui, c’est ainsi que l’auteure décide de construire son roman et de se jouer des lecteur(rice)s. Après Sue, l’héroïne, c’est Maud qui prend la parole, celle que Sue devait escroquée. Elles ont des points communs : l’âge mais des milieux différents : Sue totalement inculte, au franc-parler, volontaire, Maud, elle, a reçu une éducation avant de rejoindre son oncle dans une grande demeure délabrée et l’aide à rédiger un index sur une certaine littérature. Elle est plus réservée et vit sous la coupe d’un oncle tyrannique. Elles sont opposées, rivales mais un lien va se nouer entre elles, un lien sensuel, inexplicable, une attirance dont elles-mêmes n’arrivent pas à mettre en mots.
Autre vision de l’histoire à travers Maud (dont je ne vous dirai bien sûr rien du tout) et là l’auteure reprend sa narration à travers sa deuxième héroïne, elle déconstruit pour reconstruire et même si elle repart depuis le début, aucun ennui car elle y ajoute ce qu’il faut d’intrigues, de mystères, de révélations, le tout dans un univers très victorien et gothique où chaque personnage offre plusieurs visages mais voilà….. Quel est le vrai ?
Mais les mots, Hawtrey, les mots – hein ? Ils nous séduisent dans le noir, et l’esprit de chacun les revêt de chair et d’habits à sa guise. (p291)
Sarah Waters ne s’arrête pas là et jusqu’à la dernière page elle nous mène par le bout du nez, maintenant le suspens, retournant les situations, les personnages, elle leur prête différents comportements, brouille les cartes et se joue d’eux, chacun pouvant apparaître machiavélique ou innocent. Jeu des apparences, tout est trouble mais à aucun moment je n’ai été perdue, bien au contraire, j’ai beaucoup aimé les revirements de situations et l’angle pris par l’auteure, j’en redemandais même. Rien n’a été laissé au hasard et il y a une parfaite maitrise du sujet que ce soit dans sa construction mais également dans l’ambiance créée.
Mais au-delà de l’histoire de Sue et Maud, elle peint le tableau des conditions de vie dans les orphelinats, les asiles d’aliénés, du Londres des bas-fonds mais également dans une demeure sinistre, fournissant une foule de détails permettant de visualiser les lieux mais sans que cela ne soit pesant. On ne peut s’empêcher de penser à Charles Dickens ou Daphné du Maurier voire les sœurs Brönté et en particulier Emily pour les ambiances.
Un roman, un vrai roman, avec ce qu’il faut d’aventures, de mystères, d’ambiance, de personnages à la fois inquiétants mais également attachants, des revirements et rebondissements qui vous scotchent par la manière dont l’auteure vous les amène et les dépose parfois de manière sèche, vous donnant une autre vision, une autre orientation. Elle joue des apparences, des identités, oriente différemment son récit et en fait un roman d’amour, de loyauté et d’amitié à différents niveaux où parfois le plus sombre, le plus vil revêt également de la beauté d’âme.
Une mini-série britannique a été adaptée de ce roman : Fingersmith. Je ne l’ai pas vue mais je vous mets la bande annonce ci-dessous (en anglais) et j’espère avoir le plaisir un jour de la découvrir.
Un coup de 🧡 que je vous recommande vivement.
Découvert grâce au podcast des Bibliomaniacs que je remercie
Traductions d’Erika Abrams
Editions 10/18 – Novembre 2008 – 750 pages
Un de plus sur ma liste ! 🙂 Ton billet donne envie 😉
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Je te souhaite autant de plaisir livresque que moi 😉
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ta chronique donne vraiment envie de découvrir ce livre… C’est ma PAL qui va être ravie, d’autant plus que j’ai déjà 3 ou 4 de ses romans en attente 🙂
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😁 A chargé de revanche 😁
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De Sarah Waters j’ai lu « L’indésirable » et j’avais été séduit par son style d’écriture, l’histoire.. c’était déjà un pavé 😉 Très belle chronique ! 🙂
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Mercier je fais continuer à la lire car j’ai passé un excellent moment de lecture 😉
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J’en lirais d’autres de Sarah Waters aussi 🙂
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J’avais beaucoup aimé l’année dernière Ronde de nuit, donc celui-ci ne me déplairait pas, je pense.
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Je reconnais là ton amour pour les plumes britanniques et j’avoue que je note le titre ! Merci de la découverte 😉
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Lu il y a longtemps, lire votre chronique sur ce livre a fait resurgir des souvenirs agréables … Merci d’en parler !
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J’ai adoré ce roman, comme tous ceux de Sarah Waters ! Et j’avais déniché le dvd de la série, très réussie, je te conseille de la voir !
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J’ai adoré ce roman. C’est toujours agréable de partager un coup de coeur.
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Je l’ai déjà noté depuis un petit moment. Il faut juste que je le trouve puis que j’ai le temps de le lire…
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Je retiens cette couverture alors !! Merci pour ce coup de coeur <3.
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J’ai déjà vu passer ce nom sans jamais m’arrêter dessus. Je la note pour de bon cette fois!
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[…] Mumu dans le bocage Sébastien Fritsch & La bibliothèque de Delphine Olympe Des livres et une chambre à soi […]
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Je l’avais commencé mais je ne sais pas j’avais été gênée par la traduction (il faudrait que je retrouve mon exemplaire) et je ne l »avais pas continué malgré mon intérêt pour l’histoire.
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je l’ai déjà noté, je regarderai à la bibli!
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J’ai relu il y a déjà quelques mois « Caresser le velours » et j’ai, de nouveau, adoré. Je compte relire « Du bout des doigts » cette année, et une telle chronique, ça motive d’autant plus 😉
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Merci 😉
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