Près du village de Werst, en Transylvanie, se dresse le château des Carpathes qui depuis le départ du dernier représentant de ses seigneurs, Rodolphe de Gortz, est complètement abandonné et fui par tous tant les rumeurs alarmantes et de folles légendes circulent à son sujet.
Un jour, une fumée est aperçue au faîte du donjon. Malgré leur peur, le jeune forestier Nic Deck et le docteur Patak partent en reconnaissance et sont victimes de phénomènes surprenants. Peu après ces événements, le comte Franz de Telek qui voyage pour oublier la mort de sa fiancée, la cantatrice Stilla, arrive à Werst. Apprenant que le château des Carpathes appartenait à celui qui l’avait maudit au moment du décès de la Stilla, il décide de s’y rendre…
Ma lecture
Je ne connais Jules Verne qu’à travers des adaptations cinématographiques de ses romans, qui me fascinaient dans mon enfance et en particulier Vingt mille lieues sous les mers et je dois avouer que le calamar géant y était pour beaucoup. Je me souviens des livres rouges avec une couverture ornée de caractères et de dessins dorés, souvent agrémentés d’illustrations mais que je n’ai jamais lus, peut-être parce que j’avais le sentiment qu’ils étaient destinés plus aux garçons….
J’ai donc choisi Le château des Carpathes pour le découvrir dans le texte et si j’ai choisi celui-ci c’est parce que je ne connaissais rien de l’histoire et que le titre suggérait du mystère, un peu d’angoisse de par le lieu et même si je n’ai pas lu Jules Verne je connais vaguement les sujets de certains de ses romans qui mêlent intrigues et sciences.
Nous voici en Roumanie et plus particulièrement en Transylvanie, dans le petit village de Werst surplombé par un château, le Burg, château-fort orné d’un donjon et appartenant à la famille des Gortz dont le dernier descendant, le Baron Rodolphe, a abandonné depuis 20 ans et qui tombe du coup tombe en ruines. Appelé à disparaître prochainement car chargé de légendes dont une prétend que lorsque l’arbre qui le côtoie n’aura plus de branches (il lui en reste 3 : une par année) le château disparaîtra, et de peur, personne au village ne s’y aventure par craintes mais également parce qu’il est noyé dans la végétation qui le rend inaccessible.
Mais une lorgnette va mettre en émoi le village car grâce à elle, Frik, le berger va apercevoir une fumée s’élever au-dessus du sinistre lieu et laisser à penser qu’il est peut-être habité voire hanté et que son occupant pourrait être le Chort, le Diable….. Je n’en dirai pas plus car c’est un court roman et que je veux vous laisser tout le plaisir de l’intrigue.
Je dois avouer que je ne pensais pas ressentir ces sentiments que l’on a enfant ou adolescente quand on lit ce genre de récit qui mêle mystère, intrigues, amour, drame avec un petit plus sur l’étrange et l’inexplicable. Jules Verne décrit ce village et ses occupants avec les figures habituelles comme Maître Koltz, le propriétaire fortuné, Nic Deck le fougueux forestier amoureux de Miriota, fille de Maître Koltz, dont le mariage va être célébré dans quelques jours, sans parler de Jonas, le tenancier juif de l’Auberge du Roi Mathias et l’infirmier-médecin Patak. Chacun va avoir un rôle à tenir sans compter d’autres personnages qui seront au cœur de l’intrigue et à la base de la résolution de l’énigme (je ne vous dis rien de plus car vous en devineriez très vite les éléments).
Voilà pour le décor et les personnages…. Venons-en au fond et à mon ressenti : Jules Verne était féru de sciences, de technologies et d’inventions, avait une imagination fertile voire anticipatrice et le récit fait la part belle aux découvertes qui permettent la résolution de l’énigme. Ici il est question de sons, de lumières et de musique. Il installe très bien son histoire, le décor, l’ambiance, ses personnages, même si ceux-ci sont assez stéréotypés et même un peu trop comme le personnage de Jonas, le « juif » grippe-sou…
Un juif du nom de Jonas, brave homme âgé d’une soixantaine d’années, de physionomie engageante mais bien sémite avec ses yeux noirs, son nez courbe, sa lèvre allongée, ses cheveux plats et sa barbiche traditionnelle. Obséquieux et obligeant, il prêtait volontiers de petites sommes à l’un ou à l’autre, sans se montrer exigeant pour les garanties, ni trop usurier pour les intérêts, quoiqu’il entendît être payé aux dates acceptées par l’emprunteur. Plaise au Ciel que les juifs établis dans le pays transylvain soient toujours aussi accommodants que l’aubergiste de West ! (p47)
Ne serait-ce pas un fond d’antisémitisme ? J’avoue j’ai été assez choquée.
J’ai trouvé également qu’il appuyait beaucoup sur le lieu : la Transylvanie, revenant régulièrement sur celle-ci car pour lui sûrement le lieu idéal pour l’ambiance du récit mais qui était à mon goût trop insistant.
Pour l’histoire en elle-même je dois avouer qu’elle est assez prévisible (pour notre époque et avec le recul) et il n’y a globalement aucun suspens une fois que tous les personnages sont en place. Au fur et à mesure de leur entrée, on comprend comment l’auteur à imaginer son mystère et la résolution est explosive ! J’ai vraiment eu le sentiment de voir un vieux film, en noir et blanc, avec ce qu’il faut de moments de peur, d’effroi, de tragédie avec une musique de fond à la manière des pianistes qui accompagnaient les films muets en insistant sur les moments cruciaux sans oublier l’amour pur et romantique…..
J’ai lu qu’il avait été publié dans un premier temps sous la forme d’un feuilleton (1892), très courant à cette époque et je ne doute pas qu’il devait passionner ses lecteurs qui y trouvaient matière à interrogations, hypothèses et devaient imaginer toutes ces inventions techniques qui constituent l’ossature du roman, mais aujourd’hui on le trouve un peu daté, mais je pense que cela peut, peut-être, plaire à de jeunes lecteurs pour le côté mystère et inventions. J’ai un jeune voisin qui s’est procuré il n’y a pas très longtemps toute une collection de ses livres…..
Pour ma part j’ai aimé parce qu’il m’a rappelée ma jeunesse, où ce genre de récits m’avaient parfois captivée mais qu’aujourd’hui me semblent un peu poussiéreux dans le style même si j’ai suivi avec plaisir les rebondissements qui devaient clôturer chaque parution et tenir en haleine les lecteurs jusqu’au prochain épisode.
J’ai aimé.
Lu dans le cadre de Les classiques c’est fantastique # organisé par Moka Milla et Fanny où vous pourrez découvrir sur leurs sites les liens vers toutes les lectures faites au mois de Juin avec pour thème :
Editions Le Livre de Poche – Avril 2016 – 213 pages
[…] c’est fantastique« : Fanny / Lolo / Natiora / Cristie / George / Alice / Mumu / L’Ourse bibliophile […]
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Les personnages créés par Jules Verne sont clairement très typés, un peu comme au théâtre. Et comme toi, j’ai noté qu’ici les juifs (et les femmes) en prenaient pour leur grade. Je te suis aussi pour le côté prévisible mais comme je l’indique dans ma chronique, je pense que notre rapport aux nouvelles technologies rend toute cette intrigue moins surprenante qu’à l’époque. Une chose est sûre c’est que le Jules se pose ici en sacré visionnaire et se montre très avant-gardiste sur les questions scientifiques et l’art de les lier à la littérature.
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Tout à fait d’accord avec toi….. Mais malgré tout j’ai passé un bon moment, un moment à part, dans un univers qui m’a rapproché de mes lectures d’enfance où le mystère (et parfois un peu la peur) me plongeaient avec avidité dans certaines lectures 🙂
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Lu il y a quelques années, j’en garde un souvenir agréable.
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[…] livre de Jules Verne a été lu chez nos ami.e.s : Moka / Lolo / Natiora / Cristie /Alice / Mumu / Pati / Héliena / L’Ourse bibliophile / George / […]
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Tu enfonces le clou !
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J’essaie toujours de remettre ce que je lis dans son époque, sinon on ne lirait pratiquement pas de classiques…
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Oui moi aussi mais certains textes vieillissent plus que d’autres sans compter le style qui est ici parfois un peu grandiloquent 😉
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A vous lire, toi et Moka, je ne pense pas que celui-ci soit pour moi. D’autres titres de cet auteur m’attirent davantage.
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il faut que je le relise ! La France de cette fin du 19è Siècle était super antisémite – j’ai lu récemment Octave Mirbeau avec Le Journal d’une femme de chambre et c’est bourré d’antisémitisme, c’est évidemment très choquant de lire ça aujourd’hui et deux ans après le roman de Jules Verne l’affaire Dreyfus va faire exploser tout cet antisémitisme …
Mais sinon, je vis à Nantes, la ville où Jules Verne a grandi, où se trouve le Musée et je sais qu’il arpentait le quai Baco où mes ancêtres tenait boutique, ça me fait toujours tout drôle ! du coup plus raison de ne pas relire son oeuvre
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Je n’ai pas lu celui là. Au rayon des auteurs du XIXème siècle, je préfère Hugo mais Jules Verne, j’avoue ne pas avoir tout lu, loin de là, et surtout c’était il y a fort longtemps 😉 Mes souvenirs sont vagues 🙂
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[…] d’autres titres de Jules Verne chez Moka, Fanny, Lolo, Natiora, Cristie, George, Alice, Mumu, Héliena, L’Ourse bibliophile, Céline, Manon, Madame Lit, […]
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[…] d’autres titres de Jules Verne chez Moka, Fanny, Lolo, Natiora, Cristie, George, Alice, Mumu, Héliena, L’Ourse bibliophile, Céline, Manon, Madame Lit, […]
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Vos billets à toi et à Moka me donnent envie de connaitre ce mystère! Je trouve le titre déjà très intriguant.
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[…] à Cristie, ce sont Les Indes noires que l’on visite. Pour les contrées moins lointaines, Mumu et moi vous proposons une petite virée du côté de la Roumanie avec Le Château des Carpathes. […]
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J’ai trois ouvrages dans cette édition que tu mentionnes. Ils sont très beaux mais j’ai finalement choisi Michel Strogoff en poche pas très joli, parce que j’avais très envie de découvrir cette histoire. Tout ce que tu dis du Château des Carpathes me tente, d’autant que je pense avoir le même ressenti que toi face aux lectures rétro, ça a un goût d’enfance très agréable.
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J’aurais adoré l’aimé mais j’ai essuyé plusieurs vaines tentatives à l’adolescence et je ne suis pas certaine de vouloir retenter. Concernant Jules Verne, je me rends compte à te lire que je n’ai vu que l’adaptation cinématographique de Voyage au centre de la Terre, et ça me donne envie de fouiller un peu plus de ce côté là. 🙂
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