« Sandra doit arriver d’une minute à l’autre. Il faut qu’elle se dépêche car derrière la vitre, il y a le soleil bleu, la mer jaune et les étoiles violettes qui s’impatientent, il y a cette vie bourdonnante qui attend qu’on la libère, il y a ces rêves qui frappent au carreau et craignent de mourir emprisonnés. Alors épuisé mais heureux, je désigne la fenêtre. L’infirmière comprend et me sourit. Lorsqu’elle tourne la poignée, le vent impatient s’engouffre dans cette chambre close et renverse les fleurs. Le vase explose sur le sol. Et dans les morceaux épars répandus aux quatre coins de la chambre, la lumière du soir se réfléchit et nous fait plisser les yeux. »
Douze nouvelles sur le confinement, le Covid-19 et cette époque trop sûre d’elle-même qu’un virus a balayée.
Ma lecture
J’accepte de temps en temps la proposition d’un(e) auteur(e) de me faire parvenir son ouvrage afin que je le chronique et le partage sur les réseaux sociaux, quelque soit mon ressenti (les choses étant précisées dès le début). Avant d’accepter je m’informe du sujet car je ne m’engage que dans une lecture qui m’interpelle ou sur un thème qui m’intéresse et lorsque Axel Sénéquier m’a contactée, l’idée d’une lecture de nouvelles rédigées pendant la période du confinement m’a intriguée car je pensais que nombre de livres allaient sortir sur ce thème et finalement non (j’en ai vus très peu passer ou ne les ai pas vus), et le fait qu’il s’agisse de nouvelles, donc une forme courte a emporté ma décision.
Et bien une jolie surprise à laquelle je ne pensais pas autant adhérer. Douze nouvelles comme douze visions, douze situations d’une période de confinement. Le sujet pouvait être un peu « casse-gueule » et finalement l’auteur prend le parti d’entrebâiller la fenêtre, de tomber le masque et de nous aérer après cette période étrange et difficile pour nous conter douze histoires ayant comme fil conducteur cette période en imaginant les contraintes ou obstacles subis mais sous un angle avouons-le assez positif même dans les situations dramatiques.
Il est question de violences faites à une femme, d’un volontaire en EPAHD, d’un père se transformant en maître d’école, de parisiens se réfugiant en province, d’une visioconférence professionnelle tournant au règlement de compte, d’une prise de conscience à 40 ans de l’urgence de changer d’orientation en retrouvant son passé, d’un retour à la vie alors que tout prédestinait à faire partie de ceux qui disparaîtraient, d’une rencontre entre une SDF et un jardinier qui vont observer une visite insolite dans un parc, d’un homme écrivant des aphorismes qui s’affichent sur les balcons, d’une femme solitaire mais pas vraiment seule, d’un Valentin qui va en apprendre plus sur sa vie en pétrissant son pain et pour finir sur un apéro Zoom qui va se terminer en chorégraphie déchaînée.
Axel Sénéquier décide de voir le verre à moitié plein et nous embarque à travers toute la France pour évoquer cette période masquée en transformant les contraintes en de petites aventures ou se mêlent poésie, imaginaire et prises de conscience de façon touchante, surtout lorsqu’elles évoquent la perte, la solitude ou la nostalgie. Réussir à dresser les portraits des protagonistes et contextes en si peu de pages, à leur insuffler ce qu’il faut d’imaginaire, de rêve (parfois) pour repeindre le tableau d’une épidémie par petites touches, en y glissant parfois des situations ubuesques vécues durant cette période mais avec les couleurs du positivisme même quand celles-ci ne pourraient que nous tirer des larmes.
Je ne suis pas lectrice de feel-good, vous le savez, et ici il n’en finalement pas question, non c’est plutôt, comme pour ces personnages, de voir le bon côté des choses ou des les voir différemment, un bien pour un mal, avec un soupçon d’ironie, une pincée de prise de conscience, une pointe de tendresse, de la bienveillance et du réalisme.
J’ai beaucoup aimé, je l’ai lu avec intérêt et plaisir et j’ai repassé les presque 18 mois incroyables que nous venons de traverser avec un autre regard et je ne dis pas cela parce que le livre m’a été envoyé, par complaisance, mais parce que j’ai passé réellement un agréable moment de lecture et que son recueil de nouvelles le mérite.
C’est l’avantage de l’emplacement de la France, les pieds dans le désordre latin et le nez dans la rigueur germanique, quel que soit l’endroit où l’on regarde, on peut toujours traiter les autres avec mépris. (p101)
Editions Quadrature – Avril 2021 – 142 pages
J’ai beaucoup aimé aussi. Le sujet du confinement me faisait un peu peur ( on a tellement en ie de ne plus en entendre parler) mais c’est très bien vu. Il y a de superbes personnages. J’ai adoré ce vieil homme solitaire qui écrit des aphorismes sur des banderoles . Tellement touchant
J’aimeAimé par 1 personne
Moi aussi j ‘ ai été surprise de la qualité de l écriture et le parti pris optimiste de chacune des nouvelles. Je confirme un bon moment de lecture 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Pour moi aussi ce recueil de nouvelles est un pur bonheur. Très bien écrit, sensible, humaniste, c’est peu dire que j’ai été séduit. 😉🙂
J’aimeAimé par 1 personne
j’avais zappé volontairement car par dessus la tête du COVID mais je commence à croire que j’ai peut-être eu tort…
J’aimeAimé par 1 personne
Le COVID n’est finalement presque qu’anecdoctique…. Un prétexte 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Il m’attend sagement!
J’aimeAimé par 1 personne