Après plusieurs années d’absence, un homme resurgit dans la vie de sa compagne et de leur jeune fils. Il les entraîne aux Roches, une vieille maison isolée dans la montagne où lui-même a grandi auprès d’un patriarche impitoyable. Entourés par une nature sauvage, la mère et le fils voient le père étendre son emprise sur eux et édicter les lois mystérieuses de leur nouvelle existence. Hanté par son passé, rongé par la jalousie, l’homme sombre lentement dans la folie. Bientôt, tout retour semble impossible.
Je résume
Un homme, le père, après plusieurs années d’absence réapparait chez la femme, sa femme, la mère, qui vit avec un jeune garçon, son fils de 9 ans, le fils, dans une petite maison d’une cité ouvrière. Le père les entraîne dans une vieille maison isolée au milieu de la nature, Les Roches, dont il a héritée et où il a vécu à la dure avec son père. Présenté par le père comme des vacances, des retrouvailles (si l’on peut dire), une expérience de retour à la nature, le séjour va vite prendre une autre route, celle d’un règlement de compte sous la conduite d’un homme blessé par ses souvenirs et dans son amour propre et qui sombre dans la folie.
Mon écoute
Il y aurait tant à dire et pourtant il ne faut pas trop en dévoiler car c’est par séquences, par époques, que l’on découvre peu à peu cette histoire car pour la comprendre il faut remonter le temps, car rien n’arrive par hasard et n’est que le résultat d’une enfance, de blessures. Tout commence par une chasse en des temps préhistoriques où le chasseur part en quête de sa proie et l’abat, initiant ainsi son fils à la survivance. Puis il y a l’arrivée, de nos jours, de ce père, accueilli par un fils qui se souvient à peine de lui et qui les emmène, lui et sa mère aux Roches, l’auteur entremêlant cette arrivée et le séjour pour mieux comprendre le contexte des retrouvailles puis de la progression du plan ourdi par le père et surtout de la progression, dans chacun des esprits, de ce qui se trame, de l’angoisse qui s’installe aux Roches.
Avec une écriture taillée au scalpel, parfaitement relayée par la voix de Mathurin Voltz qui lui donne toute sa sècheresse, sa dureté, Jean-Baptiste Del Amo restitue l’ambiance pesante et lourde qui règne au sein de cette famille, où la parole et les sentiments sont réduits au minimum. C’est un roman noir, épuré, chargé d’angoisse où l’on pressent que rien ne sera simple, que chacun cache quelque chose, où l’enfant écoute, observe, porte un regard sur les adultes, ses parents, qu’il découvre partagé qu’il est entre amour avec celle qui partageait sa vie jusqu’à maintenant et cet inconnu qu’il craint mais dont il ne peut s’empêcher de se rapprocher.
On ressent que chaque mot, chaque scène ont été taillés, sculptés pour être au plus près de ce huis-clos oppressant, Jean-Baptiste Del Amo ne faisant pas dans les fioritures, dans la dentelle. C’est sec, implacable et donne à l’ensemble du récit une noirceur dont on comprend très vite qu’elle va envahir la maison des Roches, car elle est là? tapie, silencieuse, omniprésente car on le sait, on le sent : la famille n’en ressortira pas indemne. Le fils de l’homme va faire un rude apprentissage résultant de blessures du passé, va devoir apprendre vite et de façon brutale qu’il y a des choix inéluctables.
Le gris du début du roman sombre dans le noir avec des tâches de rouge mais l’écriture colle tellement au contexte que même si c’est dur, fort, on ne peut que reconnaître la virtuosité de l’écrivain à faire transpirer sa plume de l’encre dans laquelle il l’a trempée, celle de la jalousie, la rancœur, la folie et la violence.
Une mention spéciale pour la fin du roman, pour une phrase qui claque et qui vous laisse sans voix, tellement elle vous gifle.
J’ai beaucoup aimé.
Editions Gallimard Audio – Août 2021 – 6 h 46
Il a eu le prix du roman Fnac il me semble. Je pense le lire. Je n’ai encore jamais tenté l’expérience du livre audio 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Oui il a eu ce prix. Moi j’ai commencé car la radio ne me convenait plus comme accompagnement de certaines tâches (déprimant). Et cela me permet de « lire » encore plus même si cela n’a pas le même impact qu’une lecture papier….. Mais ma soif de lecture est tellement grande et les voix parfois portent tellement bien les mots que j’y trouve malgré tout du plaisir 🙂
J’aimeAimé par 2 personnes
La radio je ne l’écoute plus non plus. Par contre j’écoute beaucoup de musique (Spotify), je serais donc très curieux de tenter l’expérience du livre audio. Merci pour ton ressenti 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’hésite encore … il y a tant de livres !
J’aimeAimé par 1 personne
Attendre un peu mais il y a une force dans l’écriture de ce roman (amplifiée par la voix en lecture audio) qui vous plonge réellement dans une histoire d’êtres et de nature 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Très envie de le lire et ton billet conforte mon envie
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais lu une petite centaine de pages de Règne animal. Le style très écrit (trop) seyait mal, à mes yeux, avec le sujet. Depuis, je n’ai jamais eu envie de remettre ça!
J’aimeAimé par 1 personne
Moi cela ne me gêne pas si l’écriture colle au contexte et se justifie donc et ici c’est le cas. C’était mon premier de cet auteur mais je ne sais pas si j’en lirai d’autres s’il reste dans le même créneau 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la sécheresse que tu décris et l’absence de « dentelle ». Pour moi les descriptions ont autant leur place que les phrases brèves, ces lignes et ces lignes de détails sur un tableau, une photographie, la nature aussi oppressante que les lieux clos…
J’aimeAimé par 1 personne
Je n’ai pas eu ton sentiment mais peut-être parce qu’il s’agissait d’une lecture audio que la voix donnait ce ton de sècheresse…. Mais malgré tout je trouve l’écriture très rude, réduite à la seule impression qu’elle veut donner sans fioriture 🙂
J’aimeJ’aime
Moi aussi je l’ai écouté alors notre différence de perception n’est pas dûe à ça… mais je te rejoins dans l’idée de sécheresse, surtout dans les dialogues en fait 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Il me tente beaucoup ainsi que Règne animal et je compte bien découvrir cet auteur.
J’aimeAimé par 1 personne