Rien à déclarer de Richard Ford

RIEN A DECLARER IG« Le deuxième été après la mort de sa femme, Peter Boyce décida de louer la petite maison au bout de Cod Cove Road. »
Boyle pensait pouvoir se réinventer. Il lui faudra d’abord tenter de faire la paix avec sa fille. Mais pourquoi propose-t-il à une jeune femme rencontrée par hasard de l’héberger chez lui ?
La nuit de l’élection de Bill Clinton, Jimmy Green sort d’un bar parisien et prend une sérieuse raclée. Il a « la sensation d’être ivre plutôt que blessé ».
À Dublin, Paris, New York ou dans le Michigan, des Américains et des Irlandais sur le second versant de leur vie se penchent sur leur passé. Comme Jonathan Bell, Ricky Grace et les autres, tous sont confrontés à une forme de solitude, de dépaysement ou simplement de rupture. Richard Ford les observe. Non sans ans une certaine ironie, il décrit leurs doutes et leur inconfort, met en scène leurs désarrois et recueille leurs confidences.

Ma lecture

Je lis très peu de nouvelles et il est toujours difficile d’en parler, d’exprimer son ressenti en fin de lecture car elles peuvent nous mener dans différentes directions ou se rejoindre, s’accumuler, se mélanger. Mais ici je vous donnerai mon ressenti général même si l’ensemble de ces 10 nouvelles, plus ou moins longues, m’a embarquée dans un voyage intérieur et solitaire dans la solitude, tel le personnage de couverture, au moment dans la vie où les souvenirs reviennent, frappent à la porte de vos pensées, à l’occasion d’un événement, d’une rencontre, d’un lieu,  ils sont là, ils remontent et vous envahissent.

Il y est question de retrouvailles d’un amour vieux de 35 ans, de deuils, de maison de vacances, d’identité, de Paris, de voyages, d’élections américaines, de profiter d’un jour de liberté ou d’un remariage, autant d’événements comme des épisodes de vies, qui sont sources de prises de conscience, d’interrogations ou de constats mais également de se pencher sur le passé. Un testament, des bilans de vies mais jamais tristes non, parfois quelques regrets mais c’est comme si chaque personnage (ou l’auteur) les regardent à distance comme des événements qui les ont construits et les révèlent.

Je ne connaissais pas du tout Richard Ford et je vous avoue que chaque nouvelle aurait pu être un roman ou l’ébauche d’un roman à elle seule. Pourquoi est-ce que je parle d’ébauche car finalement la nouvelle se suffit à elle-même, c’est comme des pages de vie que l’on feuillette, quand on regarde derrière soi et que l’on choisit dix moments représentatifs de ce qu’est une vie, à différents âges ou sexes, d’un pays (très imprégné du contexte américain bien sûr en particulier de la Nouvelle-Orléans avec les ravages immédiats et à plus long terme de l’ouragan Katarina et des identités raciales) mais également de l’Irlande que ce soit à travers les physiques de ses personnages ou paysages.  En évoquant comme je l’ai dit la solitude omniprésente parce que finalement nous sommes dans ces moments-là seul avec nous-mêmes même s’il s’agit d’un regard sur le couple.

Richard Ford nous propose son voyage solitaire dans la solitude de l’humain, qu’il soit seul, en couple ou parent, c’est à la fois doux, mélancolique, nostalgique, constitué de petits détails qui se révèlent significatifs sur une posture, un regard, des mots,  une sorte d’album mémoriel de sentiments, d’observations avec une préférence pour Savoir se tenir et Langue seconde (les deux plus longues) pour lesquelles Richard Ford se laisse le plus aller à la confidence sur l’intimité, sur le couple, sur les lieux de vie et les choix.

Alors oui c’est difficile de dire pourquoi j’ai beaucoup aimé mais parce qu’il y a parfois des rencontres qui se font, sans pouvoir l’expliquer, parce que l’auteur soulève en vous une onde de reconnaissance pour le regard porté, sa bienveillance, parce qu’il vous donne envie de le découvrir dans la longueur, parce qu’ici pour moi ce ne fut qu’une ébauche et une promesse future d’un univers où la justesse, la pudeur mais aussi la qualité de plume ne peuvent je l’espère que continuer à me ravir. Alors certes pas d’actions spectaculaires et pourtant parfois des moments cruciaux de vies, des ambiances, une traversée du temps….. de son temps.

J’ai beaucoup aimé et je l’ai ajouté à ma liste d’envies et peut-être que Canada sera le prochain (il avait remporté un prix Médicis Etranger).

Traduction de Josée Kamoun

Editions de l’Olivier  – Septembre 2021 – 373 pages

Ciao 📚

9 réflexions sur “Rien à déclarer de Richard Ford

  1. Ton billet est tentant, mais j’avoue de grosses réticences envers cet auteur depuis que j’ai lu « Canada », qui m’a ennuyée au plus haut point… et comme c’était surtout une question de style… après, je me dis que des nouvelles, c’est pas mal pour aborder un auteur autrement.

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  2. Tu me donnes très envie de lire ces nouvelles, Richard Ford n’est pas pour moi un inconnu, j’avais aimé Péché innombrables, qui est déjà un recueil de textes et Canada, quoiqu’un peu moins… (mais d’autres l’ont beaucoup aimé, rassure-toi !)

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  3. Quel magnifique billet! Je l’ajoute à ma liste d’envies urgentes. Je suis fan de Richard Ford, j’aime l’atmosphère présente dans ses romans, entre langueur et lucidité. Je n’ai jamais lu ses nouvelles. Le mois de mai approche, c’est l’occasion toute indiquée! Si je peux me permettre, pour avoir lu Canada, je pense que En toute franchise et Entre eux ont plus de chance de te ravir. Canada plus tard 😉

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