La mère à côté de Thael Boost

 

Rosy a 90 ans mais ne s’en souvient pas. D’ailleurs, depuis quelque temps, elle en a 62. La mémoire en naufrage, elle ne peut plus se raconter. Alors c’est sa fille qui prend la parole. Pour la retrouver, fixer des instants de vie, évoquer la relation fusionnelle qui les lie, l’inversion progressive des rôles et ce qu’il reste d’humour et d’amour, malgré la réalité brutale de l’effacement de soi.

 

 

Ma lecture

La narratrice à travers ce premier roman autobiographique, évoque les mémoires : celle de sa mère Rosy âgée de 90 ans, dont la mémoire s’efface peu à peu, atteinte de la maladie d’Alzheimer, mais également la sienne en tant que fille de Rosy, de sa jeunesse auprès de celle-ci, mais également de sa relation actuelle face à une femme qui navigue dans un entre-deux où les mots se mélangent comme les souvenirs, les personnes, les noms, les époques.

Dans ce premier ouvrage, l’autrice aborde avec sensibilité et l’humour nécessaire pour éviter le pathétique, la relation difficile entre une mère qui devient une enfant celle-ci devenant l’ancre qui maintient le navire familial à flot, détentrice du passé oublié, des questions restées à jamais sans réponses, du fil ténu qui relie encore l’une à l’autre.

En de courts chapitres, au fur et à mesure des visites à l’Ehpad, elle mêle présent et passé afin de dresser le portrait d’une mère qui n’existe plus en tant que telle, qu’elle ne reconnaît plus, qui ne la reconnait de moins en moins, d’une mère qui s’efface peu à peu du monde pour s’enfoncer dans un autre monde où le passé est plus souvent le présent et où le futur ne sera qu’absence.

C’est un très bel hommage, un joli portrait de femme et de mère que Thael Boost rend à celle qui, bravant les avis, lui a donné vie sur le tard, mais également affronté l’hostilité d’après guerre vis-à-vis de ses origines germaniques, une femme au caractère déterminé qui lui révèle ses ultimes pensées lucides, parfois confuses, incomplètes ou déformées, sur son existence. 

Ce n’est jamais totalement triste car Thael Boost a su trouver le dosage précis pour éviter tout ce qui pourrait sombrer dans ce que la maladie a de plus sordide sans pour autant le masquer mais en faire un témoignage lucide et touchant, rendant visage et corps à une femme, une mère, qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été.

Lecture dans le cadre de la Masse Critique Babelio que je remercie ainsi que les Editions Anne Carrière

Editions Anne Carrière – Mai 2022 – 199 pages

Ciao 📚

 

10 réflexions sur “La mère à côté de Thael Boost

  1. le thème me plaît mais trop d’actualité pour l’instant (ma mère 96 ans sombre peu à peu…)
    j’ai eu un passage compliqué aussi avec certaines lectures mais j’ai décidé de ne plus insister quand un roman (sujet ou style) ne me plaît pas 🙂
    désolée pour les fautes de frappe la touche espacement ne fonctionne que si j’appuie très fort et comme les forces dans les mains sont diminuées c’est assez stressant 🙂
    la sénilité semble atteindre mon ordinateur 🙂

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