La maison sur le rivage de Daphné Du Maurier

JUILLET BORD DE MER OU GRAND LARGE

J’ai trouvé très rapidement le livre adapté au thème du mois de Juillet dans ma PAL : Bord de mer ou grand large….. Un roman de littérature anglaise (tiens, tiens….) La maison sur le rivage de Daphné Du Maurier, roman que j’ai dû lire par le passé mais dont je n’avais aucun souvenir. Me voilà donc partie pour les Cornouailles et plus précisément à Kilmarth.

LA MAISON SUR LE RIVAGE IGDick est invité par son ami Magnus Lane à passer ses vacances, en solitaire dans un premier temps, dans le charmant petit village de Tywardreath en Cornouailles et plus particulièrement dans la maison qui porte le nom de Kilmarth. Il en a bien besoin car il se sent harcelé par son épouse Vita qui le pousse, alors qu’il vient de quitter la maison d’édition où il travaillait, à aller vivre aux États-Unis. En fait, Magnus, professeur de biophysique à l’Université de Londres, a besoin de lui pour expérimenter une drogue qu’il a récemment mise au point. Quoique réticent, Dick ingurgite cette potion et, à son extrême étonnement, se retrouve sur la lande en présence d’un cavalier mystérieux prénommé Roger. Attiré comme un aimant, il le suit et se rend compte rapidement qu’il a été propulsé au XIVe siècle dans ce même village. Phénomène étrange, il peut voir, entendre et comprendre sans que sa présence soit révélée. Renouvelant l’expérience à plusieurs reprises, Dick sera le témoin volontaire et invisible des amours, des passions et complots ourdis par la noblesse et le clergé de ce village quelque cinq siècles auparavant.

Ma lecture

Dès le premier chapitre Daphné Du Maurier nous plonge dans le bizarre, dans le paranormal et cela dès le début du roman : un paysage, un lieu puis soudain un cavalier débouche et on comprend très vite que l’écrivaine a décidé de nous immerger immédiatement dans son intrigue comme va l’être Roger après la première absorption de la drogue.

Car Roger est très admiratif de son ami Magnus lui faisant totalement confiance et peut-être également parce que cela lui procure un dérivatif à sa vie actuelle dont il a du mal à trouver un sens même s’il aime toujours sa femme, malgré son ton très dirigiste et n’est pas sûr que ce qu’elle veut pour lui soit ce qu’il désire.

Et très vite Dick va aimer vivre cette aventure extratemporelle grâce à la drogue fournie et tenir informé son ami de ses « voyages » pour que Magnus puisse les confronter à ses propres voyages et étudier les effets secondaires du produit. Et en effet, Dick va multiplier les excursions dans le XIVème siècle sur les lieux où se trouve la maison et vivre non seulement au milieu de complots familiaux mais également tomber amoureux d’Isolda, femme malheureuse dans son couple mais vivant une passion adultère intense. Etant le spectateur invisible et impuissant du présent dans le passé qui ressurgit devant lui mais dans lequel il ne peut intervenir, il va peu à peu prendre goût à ses excursions temporelles où se nouent des intrigues, des empoisonnements, des amours entre les familles et même des complots politiques. Comme toute drogue il y a addiction et danger à trop vouloir savoir sans compter que les paysages changent en six siècles et peuvent être mortels pour certains sans oublier que les effets secondaires vont mettre à rude épreuve son corps.

DAPHNE DU MAURIERDaphné du Maurier, déjà dans Rebecca, aime mêler l’étrange, le mystère (voire le paranormal) et les lieux;. Ici elle y ajoute une dimension : le voyage dans le temps, vers le passé des lieux avec ce qu’ils peuvent avoir garder d’histoires, de mystères et c’est le but qu’elle s’est fixée dans cet ouvrage édité en 1969 et qui rencontra dès sa sortie un grand succès. Le couple formé par Dick et Vita n’a pas les mêmes aspirations : elle, déterminée à retourner vivre sur son sol natal, lui, s’interrogeant sur son devenir mais n’appréciant que peu de choses de sa vie actuelle essentiellement constituée de la famille et amis de sa femme. Mais heureusement il a sa complicité avec Magnus, personnage énigmatique et qui n’apparaît qu’à travers les échanges qu’il a avec Dick.

Les voyages de celui-ci dans le temps vont vite devenir addictifs, se finissant toujours à un moment clé, le « téléportant » sur les lieux où il réside mais avec d’autres aspects, la nature et le monde moderne ayant remodelé les lieux. L’idée de départ est intéressante si l’on fait abstraction de toute les noms des villages, lieux souvent commençant pat « Ter » et qui m’ont perdue (c’est le cas de le dire) car l’autrice s’attache à suivre les déambulations pas à pas et j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à visualiser l’ensemble mais également par la généalogie des familles dans lesquelles Dick se propulse (même si figure en fin d’ouvrage un arbre généalogique).

J’ai pris le parti d’en faire abstraction, de laisser l’écrivaine libre de me faire parcourir les lieux qu’elle semble connaître parfaitement puisqu’elle vécut à Kilmarth jusqu’à sa mort en 1989, qui se trouve au bord de la mer et dont elle fit le lieu de villégiature de son personnage lui dédiant d’ailleurs son roman à lui et à ses prédécesseurs dans les lieux. Elle a toujours noué un lien très fort avec ses lieux de vie et surtout son manoir Menabilly, qui devint Manderley dans Rebecca, qui fut un gouffre financier mais également un moteur d’écriture afin de l’entretenir.

Une fois ce parti pris j’ai trouvé originale l’idée de construction du roman, voulant tenir le lecteur en haleine (mais nous sommes désormais plus exigeant sur la tension d’un roman), confrontant, comme son personnage principal, le passé au présent et ce dans un même environnement. Elle ajoute les subterfuges que doit trouver Dick pour ses « voyages » et leurs conséquences, car bien souvent les deux se mélangent et déroutent son entourage que ce soit Vita mais également d’autres personnages qui vont intervenir pour des motifs d’enquête (mais je ne vous en dis pas plus). En professionnelle du mystère, l’écrivaine conclut d’ailleurs son roman avec une porte ouverte sur l’inconnu…

C’est un roman plaisant, dépaysant que j’ai aimé mais sans toutefois être autant captivée que je l’ai été par la lecture de Rebecca et son climat oppressant et les personnages qui, même des années plus tard, sont encore présents dans ma mémoire (il faudrait d’ailleurs que je le relise).

Si vous vous intéressez à la vie de Daphné du Maurier et surtout de Menabilly, je vous recommande la lecture de la biographie que Tatiana de Rosnay lui a consacrée dans Manderley for ever qui nous apprend beaucoup sur cette écrivaine au caractère bien trempé et déterminée à vivre comme elle l’entendait.

Traduction de Maurice Bernard Embrède

Le livre de poche – 1970 – 441 pages

Lecture dans le cadre du challenge Les classiques c’est fantastique Saison 3 orchestré par Moka Milla et FannyLES CLASSIQUES C'EST FANTASTIQUE S3

Ciao 📚

18 réflexions sur “La maison sur le rivage de Daphné Du Maurier

  1. Tiens, j’étais persuadée de l’avoir lu ce titre ! Et bien non ! Tant mieux … Il est vrai que Rebecca est tellement marquant qu’il reste le point ultime de l’oeuvre de Du Maurier, mais d’autres sont aussi très bien, Ma cousine Rachel, par exemple m’avait toute remuée !

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  2. Les voyages sous l’emprise d’une drogue ne sont pas ceux qui me tentent, même en littérature… c’est comme les personnages qui racontent leurs rêves, pfff… J’ai un très bon souvenir de Rebecca et de L’auberge de la Jamaïque, j’en resterai peut-être là.

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  3. […] Mumu nous entraîne plutôt côté bord de mer avec le roman La Maison sur le rivage de Daphné du Maurier. Il en va de même pour mon premier choix et le titre Le marin rejeté par la mer de Yukio Mishima qui a pour décor la ville portuaire de Yokohama.  Pamolico a choisi Sagan et son Bonjour Tristesse qui se déroule sur la Côté d’Azur et se prête à merveille à une lecture estivale. […]

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