Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l’écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s’est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l’histoire de cette métamorphose
Mon écoute
J’ai eu une très mauvaise expérience de lecture avec Edouard Louis lors de la sortie de son roman : En finir avec Eddy Bellegueule (à l’époque je ne tenais pas de blog ni de chroniques sur Babelio) mais je ne comprenais pas les éloges que j’entendais sur cet ouvrage ici ou là… Je n’avais pas apprécié l’écriture et le fond même s’il était très largement autobiographique et donc très personnel.
Lassée d’écouter les infos actuelles à la radio et ayant la possibilité par ma bibliothèque d’écouter (ou de lire sur liseuse) certains ouvrages j’ai opté pour son dernier récit sur sa mère , ayant évité ses autres romans parus après la déconvenue de ma première lecture de cet auteur. Lui donner une seconde chance même si lors de l’écoute de ses interviews le personnage me gênait, m’agaçait par ses propos parfois trop construits, par le fait qu’il ne faisait que « creuser » dans son passé pour trouver la source de ses romans, ressassant inlassablement ses souvenirs de petit garçon triste au milieu d’une famille dysfonctionnelle et d’une société dans lesquelles il ne trouvait pas sa place (cela je ne le conteste pas) et décortiquant apparemment les causes de son malheur.
Et bien avec Combats et métamorphoses d’une femme je dois avouer que cela a mieux fonctionné mais j’avoue que l’auteur en est pas totalement responsable. Il y a la voix de Irène Jacob (très agréable) mais surtout le fait que ce qu’elle narrait faisait remonter en moi beaucoup de souvenirs donc de véracité sur une famille dans laquelle une femme, pour de multiples raisons, souffre, ne s’épanouit pas, offre un visage de femme éteinte, dépassée, noyée entre tâches familiales et soucis d’argent et comment à un moment de sa vie elle change, trouve une sortie de survie et change.
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’agit, pour moi de grande littérature, mais j’y ai trouvé de la justesse dans les descriptions, de l’émotion par moments (celle de l’auteur mais aussi la mienne) sur l’ambiance au sein de cette famille, de ce que l’alcool et le manque d’argent peuvent endommager les relations au sein d’un couple mais aussi entre parents et enfants. Par contre je me souvenais de la critique « sévère » de l’auteur vis-à-vis de sa famille dans En finir avec Eddy Bellegueule et à y repenser en fin d’écoute, je suis assez interrogative sur le changement de ton, d’attitude et de positionnement. Un effet de la prise d’âge, du recul avec le temps ou de la maturité, plus dans le questionnement que dans le colère et le jugement …. Peut-être. En tout cas j’ai trouvé qu’il y avait de l’apaisement, un regard adouci et très franchement je préfère.
J’ai aimé mais je ne suis pas sûre de continuer à le lire sauf s’il sort de ses thèmes de prédilection et en finisse de régler ses comptes…..
Editions Audible – Octobre 2021 – Durée 1h37