Le vieux Germain vit seul dans une ferme au cœur des
Vosges. Sa fille lui impose de passer l’hiver avec Basile, lointain neveu qui vient faire sa saison de conducteur d’engin de damage dans la station voisine.
Une jeune femme froide et distante qui conduit les engins des neiges mieux que tous ses collègues masculins, habite la ferme voisine, où ses parents élevaient une meute de chiens de traîneaux quarante ans auparavant.
Mais bientôt, le village est isolé par une terrible tempête de neige qui, de jours en semaines puis en mois, semble ne pas vouloir s’achever. Alors l’ombre des Malamutes ressurgit dans la petite communauté coupée du monde…
Ma lecture
Malamute nous emmène dans une vallée, celle de La Voljoux, dans le massif vosgien, où l’hiver peut se montrer rude en isolant ses habitants et où les dameurs pilotent d’énormes engins qui permettent de dégager et stabiliser la neige, à la fois source de vie grâce aux vacanciers et d’isolement quand celle-ci vous coupe du monde. Ici vit Germain Grosdemange, octogénaire grincheux, rustre, qui se voit contraint par sa fille d’accepter dans sa demeure un petit-neveu, Basile, la trentaine, qui va partager son temps entre veiller sur son grand-oncle et conduire des déneigeuses.
Ils se côtoient mais sans trop échanger, chacun enfermé soit dans ses souvenirs et ses habitudes, soit dans le travail et les cauchemars que l’on apaise à coups de somnifères pour chasser les fantômes du passé. Mais durant cet hiver une tempête de neige d’une rare intensité va mettre à jour certaines ombres et faire résonner certains échos du passé.
Un récit à deux époques : en 1976, avec le journal d’une femme slovaque, Pavlina Radovic, mariée à Dragan, ancien légionnaire, et tout les deux viennent de s’installer à Valjoux avec pour projet de vivre de balades en traineaux tirés par des malamutes, projet qui va se confronter à des massacres de bétail. Près de quarante ans plus tard, en novembre 2015, l’arrivée d’une jeune femme, Emmanuelle, experte en conduite d’engins de déneigement et au tempérament volontaire va raviver les souvenirs et les consciences.
J’ai découvert Jean-Paul Didierlaurent avec Le reste de leur vie et bien sûr Le liseur du 6h27 (lu avant la création du blog), deux romans que j’avais aimés car il y avait à chaque fois, la rencontre avec des personnages insolites avec ce qu’il faut d’originalité et parfois de dérision pour sortir de l’ombre des personnes que l’on ne voient pas ou plus. Comme dans les deux autres romans lus de lui, l’auteur s’attache ici à des figures solitaires, aux caractères bien marqués que ce soit par leurs passés ou par leurs blessures en les isolant dans un paysage hostile créé par le froid et la neige mais que la solitude unit et relie.
Une lecture plaisante, une écriture agréable et fluide qui vous emmène dans une vallée qui comporte ses zones d’ombre, où une Bête rôde et demande son tribu à son silence. Certains portent un lourd secret, d’autres croient au pouvoir d’une procession à la manière d’une danse chamanique qui va se retourner contre eux et les isoler du monde. Une immersion dans une vallée faite de contrastes entre blancheur et froid de l’hiver, au rythme du ballet des dameuses et de ceux qui dégagent et sécurisent routes et pistes dans un village replié sur lui-même, et la noirceur de certains souvenirs.
Pour les amateurs de dépaysement, d’intrigues et d’ambiance rurale sur fond d’événements climatiques, avec une pointe d’ironie et parfois d’images poétiques avec un Germain, ancien ouvrier forestier et collectionneur de tranches d’arbres comme des tranches de vie, portant sur elles les marques de vie et du temps comme des rides sur les visages, où les hurlements des loups et des chiens font écho aux souvenirs des hommes.
J’ai aimé même si je n’ai pas été surprise ni par ce qui se cachait en fond ni par le dénouement mais j’ai pris du plaisir à m’isoler avec les personnages au creux de la vallée de la Voljoux.
Editions Au Diable Vauvert – 368 pages – Mars 2021
je l’ai vu passé, mais je n’ai toujours pas lu ses autres romans notamment le train de 6h 27 alors je vais résister à la tentation … pour l’instant 🙂
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Pas encore lu cet auteur
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Le Lecteur du 6h27 est mon préféré 😉
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Je pensais que Le lecteur du 6h27 était de la Checklit, je sais pas du tout pourquoi, d’ailleurs. Visiblement, les oeuvres de l’auteur ne sont pas à ranger dans cette catégorie ?
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Qu’entends tu par Checklit ?
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Je voulais dire feel good, n’importe quoi, moi, ce matin !
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Oui un peu, c’est un auteur positif mais c’est surtout une histoire d’amoureux des livres et des bienfaits des livres…. Plaisant 😉
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Le liseur du 6h27 est toujours dans ma pal, pas particulièrement tentée par celui-ci.
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