Apeirogon de Colum McCann

9782714450081_1_75 (1)Apeirogon
Une figure géométrique au nombre infini de côtés.
En son cœur, deux pères.
Un palestinien, un israélien, tous deux victimes du conflit, qui tentent de survivre après la mort de leurs filles. Abir Aramin, 1997-2007. Smadar Elhanan, 1983-1997. Il y a le choc, le chagrin, les souvenirs, le deuil. Et puis l’envie de sauver des vies. Ensemble, ils créent l’association « Combattants for Peace » et parcourent le globe en racontant leur histoire pour susciter le dialogue.
Et un nombre infini de côtés.
Toutes les facettes d’un conflit, qui est à la fois historique, politique, philosophique, religieux, musical, cinématographique, géographique. Une tragédie infinie qui happe le lecteur, l’absorbe, lui donne une responsabilité et l’engage à comprendre, à échanger, pour entrevoir un nouveau futur. Une tentative d’apaisement.

Ma lecture

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Deux fillettes : l’une  : Smadar 14 ans – l’autre : Abir : 10 ans. Deux pères : Rami Elhanan : israélien – Bassam Aramin : palestinien

Une même terre – Un même conflit – Une même perte – Une même douleur

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Perdre ce que l’on a de plus précieux : un enfant parce qu’une balle de caoutchouc se loge dans la nuque de l’une alors qu’elle sortait de la boutique où elle achetait des bonbons, l’autre parce qu’elle croise la route de trois kamikazes.

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Ils devraient se haïr car les responsables de ces morts font partie de la communauté de l’adversaire et pourtant ils vont s’unir et lutter ensemble, prouver qu’en se parlant on peut tenter de trouver une solution à ce qui les oppose;

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Et pour se comprendre il faut communiquer et c’est le pari de Colum McCann dans ce récit, inspiré d’une histoire vraie, que je ne vois pas comme un roman mais plutôt comme un récit, un témoignage, une sorte de document à la fois de tolérance et de réflexion philosophique.

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L’auteur choisit de construire son récit en 1001 sections, sans véritable ordre temporel, sans véritable cohérence si ce n’est la volonté de reprendre point par point tous les tenants et les aboutissants, comme des pensées ou les faits qui parfois s’enchaînent, ou pas, remontant dans le passé de chacun, sur leurs parcours mais aussi ce qui les anime désormais et le but de leurs vies, de l’absurdité d’un conflit où chacun a de bonnes raisons pour l’entretenir, ou pas, où l’on reproche à l’ennemi ce que soit même on applique, mêmes causes, mêmes effets, mêmes conséquences.

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J’avoue que j’ai lu 502 parties + la 1001 et puis j’ai abandonné quand il a fallu faire le chemin inverse.

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Ma lecture avait bien commencé,  je me suis attachée à la détresse de chacun des pères, à l’absurdité de deux morts de fillettes, admiré le courage dont ils font preuve en faisant partie des Combattants de la Paix, réunissant des hommes de bonne volonté comme on le dit souvent qui n’ont, malgré les épreuves, qu’un seul but : démontrer que l’on peut cohabiter, se parler même dans la douleur, franchir les frontières de la haine.

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Arrivée au milieu de l »ouvrage, j’ai écouté les deux voix, celle de Rami et Battam, elles m’ont profondément émue par leur sincérité mais au moment d’entamer la deuxième partie, je n’ai plus eu envie. Non pas parce que cela ne m’intéressait pas, non pas parce que l’écriture, le fond ne me convenaient pas mais plutôt parce que la déstructuration du récit  me perturbait. Je n’appréciais plus ma lecture, je n’arrivais plus à m’y impliquer, à m’y attacher, même si je lui trouvais beaucoup de qualités.

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Colum McCann a construit un ouvrage protéiforme à multiples entrées, temporalités, foisonnant, une analyse d’une grande richesse. Il expose les faits, les contextes qu’ils soient politiques, historiques, géographiques mais ce n’est pas que je m’y suis perdue (si un peu tout de même) mais toutes ces ruptures m’ont bloquée à un moment donné. 

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Il y a dans cet ouvrage un énorme travail de recherches, de documentation, de réflexion non seulement sur deux pays en guerre pour un même territoire  mais également sur le fait qu’il y a de nombreuses causes, de nombreux responsables, de nombreux personnages, de nombreuses références littéraires, politiques, philosophiques, religieuses, historiques.

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Alors j’assume, je l’abandonne mais pas parce que je n’aime pas, car ce que j’ai lu m’a plu mais sûrement parce que la construction (originale) choisie ne me convenait pas, parce que ce n’était peut-être pas le bon moment (et je le reprendrai peut-être un jour pour lire la deuxième partie car je sais que ce que j’ai lu va rester en moi). C’est un ouvrage ambitieux, bien écrit, profond et je sais qu’il a remporté du succès (mérité) mais je suis honnête dans mes ressentis et ne dirai pas qu’il m’a enthousiasmé pour être dans la ligne de la majorité.

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C’est une lecture exigeante, qui demande concentration, réflexion, où il faut valider le choix de l’auteur et s’y perdre sûrement pour mieux s’y retrouver au final (je n’en ai aucun doute), qui ouvre des portes de tolérance et d’admiration pour ces deux pères, accessible à beaucoup par les arguments avancés, les faits, mais hermétique pour moi quant à la forme. Il ressemble finalement à un labyrinthe semblable à celui où se loge le conflit israélo-palestinien)

J’ai aimé ce que j’ai lu mais je ne suis pas allée jusqu’au bout…..

Grand prix des lectrices Elle 2021

Traduction de Clément Baude

Editions Belfond – Août 2020 – 512 pages

Ciao 📚

16 réflexions sur “Apeirogon de Colum McCann

  1. J’ai très envie de le lire, et je vois qu’il sort bientôt en poche (début août). Ayant un long voyage de prévu mi-août, ce sera l’occasion de m’y atteler.
    Ce que tu dis de sa construction m’évoque « Marelle » de Julio Cortazar, tu l’as lu ?

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    • Non je ne connais pas mais il m’arrive souvent de lire et d’apprécier justement des constructions originales mais là j’aurai préféré, vu le sujet, une construction plus linéaire… Le passage d’un point à l’autre et les ruptures de sujets et les analyses rendent la lecture peu aisée 😉

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  2. j’ai bien aimé la construction et je me suis énormément attachée aux personnages… J’en garde un bon souvenir mais je reconnais qu’il nécessite un effort 🙂
    j’ai fini par acheter la version papier pour pouvoir y retourner facilement car on peut ensuite relire les passages qu’on a aimé 🙂

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  3. Je comprends ton arrêt brutal, et je partage ton ressenti, c’est un livre complexe, parfois hermétique mais aussi infiniment touchant dans toute cette complexité, derrière ce dédale. Enfin, ce n’est pas un roman, tu as raison, mais davantage un objet littéraire non identifié, riche et incroyablement documenté mais aussi parfois répétitif et lassant. (Et je suis d’accord avec Mes pages versicolores, ton billet est original et lui rend bien hommage)

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  4. […] Ils en parlent aussi : Mes pages veriscolores, Lech’tur, Le monde de Martin Eden, Boston !, Les libraires masqués du grenier, Lettres d’Irlande et d’ailleurs, Des livres et Sharon, Les livres de K79, Aux vents des mots, Madimado’s blog, Les livres d’Ève, Anita et son book club, Sur la route de Jostein, La plume démasquée, Demain je lis, Franck’s books, Mumu dans le bocage […]

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