Pour échapper, le temps d’un dimanche, à sa propre famille, Albert s’incruste au baptême de Franny, la fille d’un vague collègue, et succombe à la beauté renversante de Beverly, qui n’est autre que la mère de Franny. Quelques années plus tard, Albert et Beverly se marient. Chaque été, leurs enfants se retrouvent tous chez eux, en Virginie, formant une petite tribu avide de liberté, prête à tout pour tromper l’ennui. Mais un drame fait voler en éclats le rythme et les liens de cette fratrie recomposée.
Ma lecture
Tout commence par un repas de baptême. Les invités sont nombreux et se glisse parmi eux Bert (Albert) Cousins. Et à partir de ce jour le ver est dans le fruit. Les existences des deux familles vont basculer. Les couples se défont d’autres se forment et au milieu de tout cela les enfants forment une tribu et c’est sur presque 50 ans que nous allons suivre les différents personnages, parents ou enfants avec en point central un drame dont chacun se sentira une part de responsabilité.
Ce roman est particulièrement original par sa construction. L’auteure prend le parti de ne suivre aucune chronologie. Cela commence par la scène du baptême qui suggère la rencontre qui sera à la base de la décomposition des couples, révélant dès le début les personnalités de chacun des adultes, la suite n’est qu’une succession d’allers-retours entre passé et présent avec l’enchevêtrement des existences de chacun à une époque donnée avec des indices suggérant le drame vécu. Là pendant un moment vous êtes complètement perdu…..
Au tout début c’est assez déroutant, vous perdez vos repères, tout se mélange d’autant que la multiplicité des personnages n’arrange pas les choses : qui est qui ? Tel enfant est l’enfant de qui ? . Il faut quelques chapitres pour s’habituer comme dans une famille recomposée où chacun doit trouver sa place, pour tracer et baliser son chemin de lecture. Mais finalement on s’attache en particulier à ses enfants : Caroline, Franny (l’axe principal du roman), Holly, Calvin, Jeanette et Albie. Tous différents mais tous unis ou tout du moins dans chaque clan : les Cousins et les Keating mais comme les deux familles se mêlent ils ne forment finalement qu’une seule et même famille : Les enfants.
A les voir ensemble tous les six, on pensait plutôt à une colonie de vacances qu’à une famille, à des enfants que seul le hasard avait déposés sur le même trottoir. Il était très difficile de deviner la relation qui les unissait, même ceux qui étaient du même sang. (p82)
On comprend très vite qu’un manquera à l’appel final. Ann Patchett sème ici où là des indices, procédant par ellipses, nous poussant à en savoir plus, acceptant de sauter des années pour découvrir le devenir sans hésiter à revenir en arrière pour mettre l’accent sur un événement révélateur de chacun mais en s’attachant à certains plus qu’à d’autres puis à se replonger dans le passé. On trouvera certains plus sympathiques que d’autres, plus discrets ou border-line mais elle n’en oublie aucun, chacun trouvera sa place.
Je ne vous dirai rien de la signification du titre car c’est un des éléments importants du roman, dont la signification remettra à vif ou soignera certaines blessures mais il est parlant : c’est une histoire douce et amère à la fois….
La psychologie des personnages est bien décrite, le choix de construction donne de la vigueur à la narration, même si il faut un petit temps d’adaptation à toute cette smala et une intensité sur la révélation des événements même si quelques pistes aiguillonnent le lecteur.
Un pari risqué mais finalement je me suis prise au jeu de la lecture, l’auteure alternant les jeux d’enfants, parfois dangereux, les attitudes des parents pas toujours responsables, les souvenirs de chacun et la manière dont ils ont évolué, parfois proches les uns des autres ou loin pour trouver une identité propre.
Alors si vous n’aimez pas entrer dans un charivari, si vous avez du mal à trouver votre place parmi les personnages d’une fresque cette lecture n’est pas pour vous mais vous passerez à côté d’un roman où les joies côtoient les larmes comme souvent dans une famille et celle-ci, même si elle a le nom de « recomposée », ressemble à une famille de sang.
Traduction de Hélène Frappat
Editions Actes sud – Janvier 2019 – 302 pages
Ciao
J’avais beaucoup aimé. Mais j’ai été un peu perdue aussi dans le même passage. Quel roman !
J’aimeAimé par 2 personnes
Oui très particulier et son originalité tient à sa construction très astucieuse finalement….. 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
pourquoi pas? ce peut être une manière amusante de pratiquer « gym cerveau » …
un charivari qui me tente en tout cas 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
On se perd un peu et puis finalement on s’installe 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’aime les romans déroutants, et je l’avais noté à sa sortie, suite au billet de Keisha, j’attends juste sa parution en poche !
J’aimeAimé par 1 personne
Alors tu vas aimer 😉
J’aimeJ’aime
Je suis d’accord avec toi, le début est déroutant mais rapidement on apprend à apprécier et à connaître les personnages… 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
[…] Ils en parlent aussi : Les amis lecteurs, Librairie des Danaïdes, Julie à mi mot, Books, mood and more, Cunéipage, Lire dit-elle, Need some fresh books, Les lectures de maman, Charlotte Parlotte, Claja lit, Les lectures d’Antigone, Les jolis mots de Clém, Moonpalaace, En lisant, en écrivant, Au temps des livres, Mumu dans le bocage […]
J’aimeAimé par 1 personne
Je l’ai lu dernièrement et… pas chroniqué finalement ! mais j’ai bien aimé même si comme toi j’ai été déroutée par la construction. Du même auteur, j’ai préféré « Anatomie de la stupeur »
J’aimeAimé par 1 personne
Très envie de découvrir ce roman depuis sa parution d’autant plus que je ne connais pas encore cette auteure.
J’aimeAimé par 1 personne
[…] pas que moi qui ai succombé au charme de Orange amère: Mumu dans le bocage, Ingannmic et Electra […]
J’aimeAimé par 1 personne