Une étude en rouge de Arthur Conan Doyle

ELEMENTAIRE MON CHER WATSON MOKA

UNE ETUDE EN ROUGE

Au n° 3 de Lauriston Gardens près de Londres, dans une maison vide, un homme est trouvé mort. Assassiné ? Aucune blessure apparente ne permet de le dire, en dépit des taches de sang qui maculent la pièce. Sur le mur, griffonnée à la hâte, une inscription : « Rache ! Vengeance ! »
Vingt ans plus tôt, en 1860, dans les gorges de la Nevada, Jean Ferrier est exécuté par des mormons sanguinaires chargés de faire respecter la loi du prophète. Sa fille, Lucie, est séquestrée dans le harem du fils de l’Ancien. Quel lien entre ces deux événements aussi insolites que tragiques ?

Ma lecture

Londres – 1880 – Le corps d’un homme est retrouvé dans une maison abandonnée, un mot Ranke écrit en lettres de sang sur le mur, aucune trace de ce qui a provoqué la mort de cet homme. Il fallait bien un détective de haut rang pour résoudre ce type d’énigme alors on fait appel à Sherlock Holmes pour la résoudre avec pour la première fois le Dr James Watson à ses côtés avec lequel il partage désormais une location (pour des raisons financières) et qui va le suivre pour comprendre la manière dont il procède dans ses déductions afin de connaître le coupable tout en rédigeant un journal sur leurs activités.

Je ne vais pas vous raconter la manière dont le célèbre détective va trouver la clé du mystère car c’est un court roman et cela vous ôterait tout le plaisir de lecture mais sachez que le narrateur, le Docteur Watson, commence par narrer son itinéraire personnel mais également dans quelles circonstances il fit la connaissance de cet étrange homme qui, dès les premiers instants, l’a intrigué par sa manière de connaître beaucoup d’éléments de la vie de ses interlocuteurs par une simple observation de leurs physionomies, attitudes etc….

J’avais en ma possession Une étude en rouge qui est la première enquête menée par le célèbre duo ce qui m’a permis de connaître comment ils se sont rencontrés, associés mais également les formations de chacun sans oublier la présence des deux policiers : Lestrade et Gregson qui seront les dignes représentants, aux yeux de Sherlock Holmes, des méthodes d’enquêtes traditionnelles et pas toujours appropriées à son goût :

J’ai bien peur, Rance, que vous n’ayez jamais d’avancement dans la police. Votre tête, vous devriez vous en servir, ça n’est pas exclusivement une garniture. (p41)

Il y a bien longtemps que j’avais ouvert un roman de Arthur Conan Doyle mais lorsqu’un film, série est diffusé sur ce personnage je ne me refuse pas ce plaisir non seulement pour retrouver l’ambiance « so british » qui parfume le récit mais également par la complexité psychologique du personnage de Sherlock Holmes et la manière dont il résout les enquêtes dont le mérite revient à son créateur, Arthur Conan Doyle qui l’a pourvu d’une intelligence exceptionnelle dans bien des domaines et qui ne s’encombre pas de connaissances inutiles (comme il l’avoue lui-même).

Car finalement, au-delà du mystère, c’est la personnalité de Sherlock Holmes qui m’a le plus intéressée : comment il arrive à cerner ceux qu’ils rencontrent souvent au premier coup d’œil mais également les indices sur les lieux du crime, le pourquoi du comment des circonstances.

Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps et vous avouer (oui je suis coupable) que j’ai pris plaisir à lire ce court roman avec ma foi une surprise en pleine lecture, car après avoir exposé la rencontre et les circonstances du meurtre, le récit bascule dans une autre histoire se déroulant aux Etats-Unis en 1847 et qui relate comment Jean Ferrier devint le père adoptif d’une enfant, Lucie, qu’il éleva par la suite après s’être installé dans une ferme sur les terres des mormons.

Deux histoires pour le prix d’une mais évidemment les deux sont liées vous l’avez compris mais c’est l’occasion pour Arthur CONAN DOYLEConan Doyle (1859-1930) de faire connaître au lecteur cette congrégation (il faut signaler que ce roman fut publié en 1888) avec ses lois et ses règles pour finalement déboucher sur l’histoire d’une vengeance franchissant les océans et les années (sans omettre d’y ajouter une histoire d’amour bien entendu). L’auteur ayant une formation de médecin (ce que j’ignorai) je comprends mieux la manière dont il a construit ses personnages principaux utilisant la science, la connaissance des poisons mais également la médecine mais sur ce dernier point l’association avec le Dr Watson va être une aide précieuse (mais si Sherlock n’accepte que rarement de l’aide et les connaissances d’autrui).

Le plaisir est à différents niveaux : relation entre les deux hommes aux caractères très différents mais qui s’accordent bien même si j’ai trouvé Sherlock hautain (voire sarcastique), secret, n’hésitant pas à rabaisser ceux qui l’entourent et ne possédant pas sa science. Il fallait un caractère comme celui de Watson plus affable, calme et tolérant pour ne pas en prendre ombrage et l’on sent de sa part un sentiment oscillant entre admiration et interrogations vis-à-vis de son co-locataire mais qui va lui apporter le piment qui manquait à sa vie d’ancien médecin militaire désargenté à la vie bien monotone.

J’ai lu que Arthur Conan Doyle avait publié beaucoup de nouvelles ce qui explique la brièveté du roman. L’écriture est efficace, rapide avec un peu plus de détails quand l’action se déroule chez les mormons et la résolution de l’affaire avec les explications tient en quelques pages. Court, efficace, avec quelques grains d’humour, quelques détails scientifiques.

Aimant la littérature anglaise et ses ambiances, je n’ai pas boudé mon plaisir, je l’ai lu dans le train lors d’un voyage et les kilomètres ont défilé sans que je m’en aperçoive car Sherlock, malgré ses manières parfois peu courtoises, a su maintenir le suspens (et puis comme tout cabot il sait retenir l’attention de son entourage) même si l’énigme en elle-même, est assez évidente dès que nous avons connaissance de certains éléments.

Lecture idéale pour un moment de détente entre d’autres lectures et qui m’a rappelé le plaisir que j’éprouvais il y a longtemps à la lecture des romans d’Agatha Christie, le dépaysement que j’y éprouvais, la manière dont les personnages se mettaient en place et dont l’auteure glissait des indices que je ne voyais pas toujours mais dont je ressortais éblouie par la créativité de sa créatrice et la capacité qu’ils’elle  avait à mêler enquêtes, psychologie et parfois, comme ici, faits historiques et sociétaux.

J’ai aimé mais c’était le premier d’une longue série sur cet enquêteur, une ébauche qui prendra plus de consistance, de densité et de complexité je pense au fur et à mesure des publications. J’avoue que cela m’a donné envie de m’y replonger de temps en temps, de m’installer confortablement dans le salon du 221, Baker Street à Londres et d’écouter les deux comparses résoudre les meurtres utilisant les qualités d’un personnage qui lui-même est une énigme mais aussi la confrontation entre les deux protagonistes si différents.

Je ne lis que très peu de romans policiers actuels où la violence prend souvent le pas sur la psychologie, l’analyse des personnages et je préfère de très loin ce genre de littérature, Vive les classiques ! Bon je ne m’éternise pas plus car j’ai une autre grande dame de la littérature anglaise qui m’attend …..

Traduction de Lucien Maricourt

Editions Librio – Mai 1995 – 126 pages

Lecture dans le cadre du challenge Les classiques c’est fantastique saison 2 organisé par Moka Milla et Fanny

LES CLASSIQUES C'EST FANTASTIQUE 2

Ciao 📚

22 réflexions sur “Une étude en rouge de Arthur Conan Doyle

  1. Ben ça alors 🙂 nos ressentis sont similaires en plus. Et dans celui là aussi il y a une bascule temporelle et spatiale ! Bon j’espère tout de même que ce n’est pas un procédé que l’on retrouve dans tous les SH sinon plus d’effets de surprise dans les prochaines lectures. Très beau billet qui donne envie dans tous les cas 🙂

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  2. […] Dernier rendez-vous de l’année pour nos fantastiques classiques consacrés aux romans policiers ou aux romans noirs. Bravo aux courageux·ses qui parviennent – en ces temps de fêtes – à nous livrer une chronique pour ce mois de décembre qui nous éloigne un peu de nos chroniques littéraires. Vous les lirez ici : Fanny / Magali / Natiora / Katell  / Lolo / Une Comète  / Natiora (2) / Madame Lit / Pati / Céline / Mumu […]

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  3. c’est vrai, je trouve aussi que la violence a la part trop belle dans les polars actuels, au départ cela m’amusait, chez Thilliez notamment, maintenant j’ai moins envie, on a déjà notre dose dans les infos et les faits divers dans les journaux, cela se banalise 🙂
    cela me ferait du bien de me replonger dans les livres de Conan Doyle et cette couverture est très belle en plus 🙂

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  4. Tout à fait d’accord avec ton dernier paragraphe ! Moi non plus, je n’apprécie pas la violence dans les polars.
    J’avais bien aimé cette étude en rouge, qui nous emmène bien loin de l’Angleterre. Et je l’avais commencée sans savoir qu’il s’agissait de la première rencontre entre Holmes et Dr Watson. À ne pas manquer, donc !
    Bonnes fêtes de fin d’année !

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