C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un présent hors de la mémoire.
Comme dans un conte, les pierres de la cour témoignent. Comme dans les contes, la force vient des enfants, de l’amour fou de l’aîné qui protège, de la cadette révoltée qui rejettera le chagrin pour sauver la famille à la dérive. Du dernier qui saura réconcilier les histoires.
Mon écoute
Je ne reviendrai que succinctement sur l’histoire, celle d’un enfant né avec un important handicap au sein d’une famille cévenole. L’originalité tient essentiellement à la construction et à la narration faite par les pierres qui entourent la maison et du point de vue de la fratrie : l’aîné, la cadette et le dernier, celui né après l’enfant différent et qui ne l’aura jamais connu si ce n’est pas son absence ou à travers sa famille et les souvenirs encore présents dans le lieu.
J’ai aimé écouter la délicatesse avec laquelle les pierres et la voix de Françoise Gillard m’ont conté l’histoire de cet enfant, lui qui ne voyait pas, ne parlait pas, ne bougeait pas, qui était présent mais absent, et qui occupe la place centrale du roman à travers le regard d’un frère aîné protecteur et attentif, d’une cadette indifférente mais pas insensible et d’un dernier qui se pose beaucoup de questions sur l’absent et sur sa propre place, son rôle.
J’ai aimé la manière dont Clara Dupont-Monod a trouvé les mots délicats, les sensations, les odeurs, les touchers, avec pudeur, douceur, sans violence ni pathos mais avec seulement l’amour d’une famille, la manière dont celle-ci l’accueilli avec ce que chacun était, sans jugement, l’a aimé, protégé et en a gardé l’empreinte à jamais. J’ai aimé l’immersion dans les montagnes cévenoles, la nature environnante, le voisinage de la grand-mère, les petits détails emplis de souvenirs, d’odeurs, de parfums, de touchers qui, comme les enfants, ont marqué les narratrices, les forces et les faiblesses de chacun qui ont forgé leurs vies à venir.
Et bien cette fois-ci je me range dans la lignée de ceux et celles qui ont aimé, la plume de l’autrice ayant su m’atteindre, me toucher, m’émouvoir. Alors l’addition des « J’ai aimé » devient un « J’ai beaucoup aimé » parce qu’il y a dans ce roman tellement de tendresse, de justesse, de pudeur, de retenue et d’amour mais tout en nous offrant la réalité d’une vie absente mais tellement présente qu’on ne peut qu’être sous le charme d’une plume mais également de la voix si adaptée aux mots et au sujet.
J’ai beaucoup aimé.
Trois prix pour ce roman en 2021 – Goncourt des lycéens – Prix Landerneau et Femina
Editions Audiolib – Mars 2022 – 4h13
J’avais entendu le début de l’audio. Je pense que la voix est un plus ici.
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Oui elle ajoute a l’ambiance 😉
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J’étais assez réticente pour le lire, crainte du pathos et du bon sentiment, mais là, tu m’as convaincue ! Doux dimanche, Mumu !🌻🌼
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A toi aussi 😉
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Je l’ai lu à sa sortie. C’est un très beau récit, pudique et poignant, J’ai beaucoup, beaucoup, aimé.
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Ravie que ce beau roman t’es touchée. En effet, bcp de sensibilite et de pudeur dans cet écrit ! 😉
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Comme je comprends que ce livre te plaise, j’avais beaucoup aimé, moi aussi.
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Et moi, en revanche, je n’ai pas aimé ni le choix de faire parler des pierres, ni l’écriture, ou seulement par endroit… Bref, j’ai ressenti ce que tu ressens d’habitude avec les livres adulés par la majorité…
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😉
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Pas particulièrement emballée non plus, les émotions n’étaient pas au rdv…
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